mardi 12 mars 2013

Sortie de scène

J’ai vu que deux personnes qui avaient jadis travaillé dans le même bureau que moi étaient récemment mortes à l’âge de 61 et 62 ans. 

Je ne les ai pas beaucoup connues mais c’est toujours marquant de savoir que quelqu’un avec qui on a déjà parlé est mort. Probablement que c’est moins pire avec le temps, genre quand on a 75 ans et que les trois-quarts de nos connaissances sont mortes. Et peut-être que c’est aussi moins pire quand des gens plus près de nous sont morts : on se calisse des autres parce qu’on a perdu nettement plus gros…

On a tous une date de péremption mais on ne la connait pas. Qui veut la connaitre? Moi, j’aimerais mieux la connaitre et avoir un sursis, aussi léger soit-il, que de me faire frapper par un gros truck pis que ce soit fini net frette sec.

Bien que ce soit ma préférence, j’ai l’impression que les gens qui savent que leur temps est compté ne font rien de spécial : ils subissent leurs traitements de chimiothérapie pis laissent la vie aller en gardant leur place dans le trafic.

Bien peu semblent avoir le désir de sortir de scène avec un coup de théâtre et je ne comprends pas. En fait, je comprends que la plupart des gens sont limités, ne font pas trop de bruit, ne prennent pas trop de risques, n’ont pas d’idées trop contestataires. Mais je ne comprends pas comment on peut vivre comme ça du début à la fin.  

L’excellente série Breaking Bad raconte d’ailleurs comment un professeur de chimie dont la vie est rangée se recycle en fabriquant de cristal meth lorsqu’il apprend qu’il a un cancer en phase avancée. Son objectif est de payer ses traitements qui coûtent une fortune et de subvenir aux besoins de sa famille lorsqu’il ne sera plus là.

Je pense pas que je me recyclerai en manufacturier de drogue lorsque je connaitrai ma date d’expiration (si je la connais un jour). Par contre, je pense pas que si j’ai encore un peu de vitalité, ça va se terminer en douceur, dans le confort et la tranquillité d'une maison de mourants. Parce qu’un livre se doit d’avoir un punch à la fin...

Presque vingt ans plus tard, je me rappelle encore ma fin du secondaire : 2-3 amis et moi, on avait préparé « l’opération beurre de peanuts », nom de code inoffensif donné à notre grande offensive de la dernière semaine de classe. On avait prévu lancer des bombes puantes partout dans l’école dans la même journée et de plusieurs endroits différents de façon à déstabiliser la surveillance. Ça avait finalement pas été aussi spectaculaire que je l’avais escompté, mais on avait fait notre gros possible et y’a même des portes qui se sont fermées automatiquement à cause de la boucane.

C'est peut-être pas super impressionnant quand on est rendus dans la trentaine, mais je suis quand même satisfait de ma transition de vie. Surtout parce qu'on s'est pas fait pogner. 

2 commentaires:

  1. Parce que croire (et faire semblant) d'avoir encore une vie normale et plate est la plus folle des aventures... Et surtout, c'est la plus belle qu'on peut choisir, entouré des gens qu'on aime, à chérir chaque petit geste qu'on pose peut-être pour la dernière fois. Mon opinion.

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  2. Sans doute que c'est le cas pour la plupart des gens. Je suis jamais passé par là donc je peux pas vraiment dire si ma vision serait applicable dans la réalité.

    Mais le fait est que la plupart des gens vivent leur vie de façon plate et c'est donc logique qu'ils continuent dans la même lancée jusqu'à la fin.

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