Cette histoire aurait normalement dû durer 5 minutes et plus personne n’en aurait entendu parler.
On se
rappellera qu’en juin, j’ai failli être frappé sans raison par le voisin de chalet de mes parents alors que je circulais en 4 roues
avec mon garçon. À son retour, j’ai intercepté le voisin en lui bloquant
le chemin avec la remorque de mon père pour lui dire de faire attention
aux promeneurs. Il s’est mis à me crier après, je me suis mis à lui
crier après. Mon père s’en est mêlé et a dit au voisin qu’il était
désagréable avec tout le monde et qu’il ne voulait plus lui parler.
On pourrait rajouter quelques sacres et beaucoup de criage dans l’histoire, mais ça se résume pas mal à ça.
Le
lendemain de l’événement, le voisin a envoyé la police pour qu’un mandat
de paix soit émis contre mon père et moi. La police n’a pas considéré
que l’événement méritait qu’on se rende à l’émission d’un mandat de
paix. Un rapport d’incident a été rempli, lequel ne fait allusion à
aucune menace ou aucun coup porté. Mais le voisin, ex-avocat connaissant
le système, a fait ses représentations auprès de je sais pas qui au
palais de Justice ce qui nous a quand même entrainé, mon père et moi,
dans un procès en cour criminelle pour émission d’un mandat de paix.
Ça a été
pénible, stressant et incommodant (personne a le goût d’être dans la
même zone que des violeurs d’enfants pis des cokés habillés tout croche)
mais on a été blanchi. L’avocat de notre voisin avait même l’air
d’essayer de dissuader son client de poursuivre sa cause vu qu’elle
n’était pas solide. Mais le voisin a maintenu son point, affirmant avoir
peur pour sa vie, ce qui est la raison habituelle d’émission d’un
mandat de paix.
Le procès
nous a coûté 2000$ à mon père et moi, uniquement en frais d’avocat (on
exclue donc les billets de stationnement, les déplacements et certains
autres coûts tels que les absences du bureau, la préparation, etc).
Plus
tard, le voisin, sans doute en beau calisse d’avoir perdu sa cause, a
porté plainte à la municipalité pour la cabane à bois de mon père qui
selon lui était trop près de la haie de cèdres séparant les deux
terrains. Malheureusement pour lui, mon père respectait la
réglementation ce qui a fait tomber sa plainte à plat. Ensuite, il a
écrit une lettre à mon père lui demandant de faire abattre un arbre
malade et menaçant de s’abattre sur la chalet de mon père. L’arbre était
de l’autre côté de la haie de cèdres, soit sur le terrain du voisin.
Mais ce dernier affirmait que l’arbre était directement sur la frontière
entre les deux terrains. Il demandait donc à mon père de couper l’arbre
à ses frais, de ne rien endommager sur son terrain sans quoi il devrait
rembourser tout dommage. Exigence en bonus, mon père devait faire
couper le tronc à une hauteur de je sais pas combien de mètres, selon
les souhaits du voisin.
Mon père a
répondu au voisin que c’était à lui de faire couper l’arbre, se basant sur les plans d'arpentage. Le voisin a argumenté que les plans étaient mal faits mais, finissant probablement par réaliser qu'il n'était pas arpenteur-géomètre de formation, a fini
par faire couper l’arbre par des travailleurs engagés par lui. Ces
derniers ont, sans doute à la demande du voisin, calissé les nombreux
morceaux massifs d’arbre sur la plage, en pensant que la marée allait
envoyer ça ailleurs.
Comme le voisin était en mauvais termes avec tout le monde, des voisins ont porté plainte à la municipalité et il a été pogné pour faire ramasser tout ça.
Comme le voisin était en mauvais termes avec tout le monde, des voisins ont porté plainte à la municipalité et il a été pogné pour faire ramasser tout ça.
Plainte,
plainte, plainte pis plainte. On pourrait dire que le plus mature allait
arrêter, mais on savait bien qu’avec lui, ça n’allait jamais finir.
Même quand ça allait pas trop mal entre les voisins de chalet, il
communiquait avec tout le monde en écrivant des lettres accusatrices à
propos de sujets sur lesquels tout le monde était par ailleurs capable
de discuter calmement.
C’est
là qu’on a eu la confirmation qu’en premier lieu, ça avait été
impossible qu’il ait vraiment craint pour sa vie lorsqu’il demandait un
mandat de paix. Comment peut-on craindre pour sa vie quand on poursuit
tout le monde et qu’on les traite « d’insolvables » ou de « clan de
larves » dans ses lettres?
Le voisin
est même allé porter plainte à la police pour me faire émettre une
contravention vu que j’avais circulé sans casque en 4 roues.
Bref, on
en était là, en stand by de sa prochaine action, jusqu’à temps qu’il y a
quelques semaines, mon père et moi ne recevions une mise en demeure de
payer 6900$ chacun au voisin pour l’histoire de cet été. Cette somme
incluant les frais d’avocat du voisin (assez spectaculaire de voir
quelqu’un ayant perdu sa cause réclamer ses frais d’avocat) et d’autres
frais pour des menaces de voies de fait que je n’ai jamais faites mais
qu’il affirme que j’ai faites (j’ai malheureusement 3 témoins qui
peuvent attester que non et il n’a aucun témoin pour dire la même chose
que lui).
Comme une
personne normale passe ses 70 ou 80 ans de vie sans aller en cour une
seule fois, il peut être ici intéressant de préciser comment
fonctionnent les petites créances, puisque toute cause en bas de 7000$
est présentée devant les petites créances. Le tout minimise les frais de
chaque partie puisqu’aucun avocat n’est nécessaire. Chaque partie se
représente elle-même et les ex-avocats peuvent sans doute être tentés de
penser qu’ils partent avec une longueur d’avance, sachant plaider
devant un juge.
Ce qu’il
faut comprendre, c’est que n’importe qui peut poursuivre n’importe qui
d’autre aux petites créances pour un montant inférieur à 7000$. Tout ce
qu’il faut faire, c’est une déclaration (accusation), payer environ 160$
au palais de justice pis laisser la Justice prendre le dossier en
charge pour l’envoi des documents à la partie défenderesse.
La partie
défenderesse aura alors 20 jours pour réagir sans quoi elle pourra être
déclarée coupable. Évidemment, toute personne impliquée dans une
situation aberrante contestera la mise en demeure. La beauté de la
chose, c’est que cette personne devra obligatoirement payer 156$ pour
contester. Elle pourra aussi ajouter un 81$ pour faire une demande
reconventionnelle consistant à poursuivre le poursuivant (un genre
d’effet miroir). Bref, ça lui coûtera 237$ pour résister à une attaque,
qu’elle soit fondée ou non. Le système de justice impose normalement à
la partie perdant sa cause de payer les frais de l’autre partie, ce qui
peut minimiser les abus. Mais si on choisit bien ses victimes, y’a moyen
de quand même écoeurer les gens, idéalement les gens sans le sou, avec
des dépenses surprises de 156$.
J’ai donc fait une demande reconventionnelle, le poursuivant à mon tour pour 7000$. Mon père en a fait de même.
L’attaquant
est malgré tout encore une fois en avantage. À sa première plainte à la
police ou au palais de justice, il part avec le bénéfice du doute (on
ne porte pas plainte pour rien habituellement) et à sa poursuite aux
petites créances, ses frais déboursés sont moindres que la personne qui
se défend tout en ayant probablement encore une fois le bénéfice du
doute du gars qui ne doit normalement pas se plaindre pour rien.
Ainsi, à combien s’élèvent les débours jusqu’à maintenant pour ce dossier?
Frais d’avocat : 2000$ (à séparer entre mon père et moi)
Contravention : 150$
Contestation et demande reconventionnelle : 470$ (à séparer entre mon père et moi)
Autres
frais d’avocat (pour mon père), courrier recommandé, déplacements,
stationnement : au moins 500$ (principalement pour mon père)
Ce qui
donne donc une somme de plus de 3000$ alloués à cette histoire où, on le
rappelle, j’ai failli me faire frapper par quelqu’un qui a collé son
char le 4 roues sur lequel je prenais place avec un enfant de 2 ans et
demi.
Et c’est
probablement pas fini. J’ai regardé le dossier du voisin au palais de
justice et il y avait 18 pages de causes, à 10 causes par page. Au moins 180 causes dont il a fait partie et ça, c'est seulement en cour civile. Il me reste les causes criminelles à éplucher.
Bref,
quand on affronte quelqu’un dont le mode de vie est de poursuivre ceux
qui l’entourent, ça donne un party assuré.
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