jeudi 15 juin 2006

Le permis

Je me suis levé à 4h50 du matin. J'ai ensuite avalé mon bol de froot loops promptement, avant de sauter dans la douche. À 5h15, je partais en direction de la rue D'Auteuil à Québec. 
 
J'arrivai vers 5h45 au lieu de recrutement. Sur place, il y avait quelques personnes rassemblées sur des chaises pliantes. Comme je ne voyais que 7-8 personnes, je me suis dit "Wow, c'est dans la poche! Vive les réveils matinaux..." Mais en regardant un peu plus attentivement, j'ai vu que bien d'autres gens reposaient sur le sol, en arrière des buissons, dans des sacs de couchage.

Le monsieur imposant, qui était un des recruteurs sur place, pris mon nom pour que l'ordre d'arrivée soit respecté. Un gars qui arriva quelques secondes après moi me pris de cours et donna son nom avant moi. Je demeurai calme et pacifique et le laissai faire. On me dit ensuite que j'étais en 27ème position. Il y avait donc 26 personnes encore plus déterminées que moi qui était là depuis je ne sais trop quand...
 
Et là, je dois expliquer quelque chose. Pour les permis de musicien de classe 1 (le permis où tous les lieux sont permis pour jouer de la musique), les permis sont contingentés à 90. De plus, si on obtient son permis une année, ça devient un droit acquis et on n'a plus besoin de se représenter à la journée de recrutement ou aux auditions pour obtenir le permis, en autant qu'on paye le 100$. Comme il n'y a donc pas 90 permis disponibles (il y en avait assurément 10 de disponible ce matin, et 30 autres personnes n'avaient pas été rejointes), ça explique que les gens décident d'aller passer la nuit là-bas pour être les premiers sur la liste. Parce qu'on ne recrute pas selon le talent, mais bien selon l'heure d'arrivée, en autant que l'audition soit concluante.
 
Vous me suivez? Pas sûr que je sois très limpide dans mes explications...
 
Semble t-il que le premier sur la liste est arrivé hier vers 11h du matin. Il y en a pas mal d'autres qui sont arrivés en soirée, et d'autres qui sont arrivés pendant la nuit. Avec mon 5h45 du matin, je faisais piètre figure puisque je me suis ramassé le 27ème (mon chiffre chanceux, qui sait?) sur peut-être une quarantaine de personnes.
 
Comme j'étais pas mal tout seul, sans le désir de me joindre à une conversation existante, je suis allé rejoindre deux gars à l'écart qui jouaient des vieilles tounes de Pink Floyd. On se complétait très bien eux et moi, parce qu'ils semblaient jouer exclusivement le stock avant "Dark Side of The Moon" alors que moi je joue exclusivement le stock après cet album. Bref, c'était plaisant jusqu'à ce qu'un flot de 19-20 ans complètement défoncé au Jack Daniels (à 6h30 du matin) vienne s'asseoir avec nous pour nous délirer un paquet de niaiseries à propos de son chum qui jouait de la guitare en arrière de sa tête et qui était le prochain Jean Leloup (depuis quand Jean Leloup est un Dieu de la guitare et joue en arrière de sa tête?). J'ai tenté tant bien que mal de savoir pourquoi il était là ce matin(pour jouer de la musique, pour faire des acrobaties, de l'humour??) mais il ne m'a jamais donné une réponse cohérente. J'en déduis qu'il avait piqué une bouteille de Jack Daniels à ses parents et se cherchait une bonne occasion pour la vider.
Finalement, à 8h30, les portes se sont ouvertes. Mon tour est venu vers 9h15 environ. J'ai donc rempli le formulaire de candidature en compagnie d'une fille du bureau des grands événements. Ça me prit environ 5 minutes. Je quittai donc ensuite, plus ou moins confiant d'avoir des chances pour un permis de type 1. 
 
Mais pour les permis de type 2, je suis assez convaincu de mon obtention future du dit permis. Les lieux pour jouer sont beaucoup moins intéressants, mais ce peut être quand même le fun de jouer devant les passants, aussi modestes soient-ils en nombre ou en moyens. Bien que mon objectif initial ait été de financer le déneigement de ma maison l'hiver prochain, je me dis que ça pourrait à tout le moins financer le weedeater à batteries que je me suis procuré aujourd'hui (en spécial à 29,99$ chez Canadian Tire).

dimanche 11 juin 2006

La fête à mon père / Les bienfaits du ritalin

Hier soir, nous nous sommes rendus au restaurant "La Sagamité" du Village Huron afin de souligner le 60ème anniversaire de mon père (2 semaines à l'avance).
 
Pour l'occasion, ma soeur est venue à Québec avec Thomas et en compagnie de son nouveau chum et de son fils de 8 ans. Ma première impression sur son nouveau chum est que je ne m'attendais pas à ce genre là. Je n'ai pas vraiment d'opinion précise en fait. Quoique dans ce cas là, je crois que de ne pas avoir d'opinion signifie quand même quelque chose...
 
Pour son fils par contre, c'était dur de demeurer sans opinion. Ce dernier entre dans ma maison, commence a fouiller dans mes DVD après même pas 30 secondes, avant de jouer avec une étiquette de yogourt en faisant de très sonores bruits de navette spatiale dans la cuisine. Spécial, et pas nécessairement de bonne augure...
 
À l'arrivée au restaurant, je vois les deux familles réunies (bord de ma mère et bord de mon père). J'aurais pensé trouver moins de gens, donc je suis satisfait de la participation de la parenté. Ça s'annonce vivant en tout cas.
 
Un peu plus tard, mes parents arrivent (car c'était une surprise pour mon père) en compagnie de Michel, notre ancien voisin, et le couple d'amis Italiens de Montréal de mes parents. La surprise semble efficace car mon père paraît abasourdi à son arrivée dans la pièce de réception.
 
Je prends ensuite place à une table pour le souper. Pour l'occasion, je suis entouré de mon filleul Thomas, de son nouveau beau-frère de 8 ans, de mon cousin François, de sa blonde Sarah et de ma cousine Annie.
Le petit gars commence vite à se faire insupportable: en passant en dessous de la table, en venant se coller sur moi, en me mettant la main sur l'entre-jambe, en gossant après mon appareil numérique, en me donnant un bec sur l'épaule, en me chatouillant, en pognant les mamelons de mon cousin Frank, en donnant des coups de tête à je ne sais plus qui, bref en étant tout sauf discret et réservé comme un enfant se devrait d'être lorsqu'il est avec 30-40 personnes qu'il ne connait pas. Lorsqu'il pique ses champignons avec sa fourchette en les offrant à tout le monde en crissant la fourchette à 5 cm du visage des gens en criant: 
"CHAMPIGNONS?" je me dis que les partys des fêtes risquent d'être très longs et pénibles si ça fonctionne à long terme entre ma soeur et son nouveau chum.
 
Comme si c'était pas assez, ma cousine Annie commence à me sortir des répliques du genre: "Arrête donc de dire des niaiseries" pendant que je niaisais gentiment Sarah. À un moment donné, je réalise que c'est pas la première soirée où je trouve qu'elle agit comme inhibitrice de plaisir. Je lui dis donc: "Toi je pense qui va falloir te checker, parce que tu commences à te prendre au sérieux pas mal" et j'ajoute que je la trouve agressive. Elle me réplique quelque chose qui va dans le même sens à mon endroit. Rien de tel pour jeter un froid autour d'une table. Mais bon, même si je n'ai pas été des plus diplomates, ça fait une couple d'années que je vois qu'Annie est devenue une parfaite petite universitaire qui se croit. Et si vous me lisez ou me connaissez depuis quelques temps, vous savez que quelqu'un qui se croit et moi, ça ne fait pas bon ménage...
Donc une autre brique dans le mur qui finira tôt ou tard par me couper de toute ma famille, et possiblement d'une grande partie de mon entourage.
 
Après le souper, je m'en vais voir les chûtes Kabir-Kouba, main dans la main avec Thomas. Je me dépêche pour qu'on soit seuls, sans avoir l'autre dans les pattes. Ma soeur vient cependant nous rejoindre quelques minutes plus tard, main dans la main avec son nouveau beau-fils. Elle me prend à part et me dis: "Fais donc attention là, je t'ai vu tantôt pis t'as été sec avec lui!" Je lui réponds que je considère que c'est un méchant bon candidat au ritalin et que j'ai de la misère à garder mon calme quand un flot de 8 ans que je ne connaissais pas 2 heures plus tôt envahit mon espace vital et dépose ses mains sur mon entre-jambe. Elle me répond qu'il en prend déjà du ritalin et qu'il a quelques troubles que je ne retranscrirai pas, car le monde est petit... Quoiqu'il en soit, je suis persuadé que sa dose de ritalin devrait à tout le moins être triplée.
Comme la proximité du dit flot et les discours moralisateurs de ma soeur commencent à m'insupporter dangereusement, je retourne au restaurant avant de pêter les plombs...
 
De retour dans la salle, je lis un petit mot pour mon père. Le texte semble bien apprécié par les gens présents. Mon père fait un petit discours à la suite de mon intervention, dans lequel il me parait plutôt fataliste. Je dois avouer que j'ai trouvé son intervention assez triste, dans le style: "J'espère pour en avoir encore 10 ans à être en forme...". Juste de revenir là-dessus ça me fait prendre conscience du fait que certains âges doivent paraitre lourds de conséquences pour les gens. Y'en a qui capotent quand ils pognent le 20 ans, laissez-moi vous dire que vos crises existentielles me paraissent bien futiles à comparer à quelqu'un qui sait que le corps humain a amorcé sa pente descendante...
 
Mais même si mon père a 60 ans et devient un vieil homme, je considérerai toujours qu'il est de compagnie beaucoup plus profitable que la quasi-totalité de l'humanité. C'est en fait la seule personne sur terre qui soit d'une importance capitale pour moi. C'est sur lui que ma personnalité est basée, et ses horizons sont encore plus étendus que les miens. Donc vieil homme, même si tu vieillis, tu seras toujours mieux que bien des débris qui sont beaucoup plus jeunes que toi mais qui sont nés limités ou qui ont fini par stagner de façon précoce, sans jamais avoir vraiment cherché à se dépasser.
 
(ci-dessous: Jean-Pierre baisant le cercle dégarni sur le crâne de mon père et moi qui lit mon petit mot)

samedi 3 juin 2006

Lulu Hughes n'aime pas ses fans

Un soir cette semaine, j'étais tranquille à la maison, l'esprit vagabondant devant la télévision. J'écoutais alors "Sucré Salé", cette exécrable émission animée par Guy Jodoin.
 
Comme toujours, les questions posées aux invités étaient complètement pathétiques et sans intérêt. Mais je fus heureux de voir qu'une de mes idoles de la scène artistique québécoise (je souligne que je fais de l'ironie, pour tous ceux qui proviennent du 514 et qui ne sauraient pas lire entre les lignes) était invitée. Il s'agissait, vous l'aurez deviné, de la séduisante et vibrante Lulu Hughes.
 
Pendant l'entrevue, elle dit qu'elle répondait personnellement à tous ses courriels. Étant de nature très groupie, le genre à virer fou comme de la marde lorsque j'ai l'occasion d'établir le contact avec une personnalité du showbusiness, je me suis empressé d'aller sur son site et de lui écrire un email.
Le problème était que je n'avais pas de sujet et pas de tactique.
 
En jasant avec Charles (un de mes ex-jeunes du terrain de jeu), nous avons eu l'idée conjointe de l'inviter à notre feu annuel, histoire de rendre l'événement encore plus big. Comme à chaque année, on essaie de se dépasser, je me suis dit qu'avoir Lulu Hughes à nos côtés serait un accomplissement dont je pourrais être fier. Voici donc le email:
 
allo lulu,

je suis un gars de 15 ans de la rive sud de quebec et tu es mon artiste préférer au québec. j'aimerais sa savoir si tu voudrais venir à notre feu entre amis cet été que nous avons appelller by the fireplace. nous sommes aller te voir en spectacle lautre fois et nous avons tripper. donc si tu veux svp réécris moi et je te donerais les détail. on pourrait jouer de la guitare ensemble et meme chanter tes hits si tu veux.

bye bye
xxx

patric
 
Comme vous pouvez le voir, j'ai fait un effort surhumain pour multiplier les fautes d'orthographe, et ce, même au sein de mon prénom.
 
Cinq jours plus tard, à moins que Lulu ne soit complètement innondée de emails de fans dans ce style là, je crois pouvoir affirmer qu'elle n'aime pas ses fans. Ou encore qu'elle a découvert le pot-aux-roses en analysant mon adresse email qui trahit mon année de naissance (1979 ne fitte pas vraiment avec 15 ans). Quel piètre enfirouapeur je suis. Mais je vous tiendrai au courant si jamais je reçois une réponse. Et j'en profiterai pour redorer son image que j'ai si mesquinement dénigrée dans le paragraphe suivant.