jeudi 30 octobre 2008

Bouba décide d'investir en bourse

La semaine dernière, Patate a réagit à mon texte traitant de la bourse en disant que je devrais parler plus souvent d'économie que de politique. Je lui aurais répondu exactement la même chose si je n'essayais pas de maintenir le peu de bonnes relations que j'ai avec certains blogueurs...

Mais enfin, comme j'ai acheté ce matin les premières actions de ma vie, j'ai décidé de revenir sur le sujet pour me convaincre que j'ai fait un bon "move" et aussi, pourquoi pas, pour faire un résumé de ce que je sais sur ce monde encore nouveau pour moi. Que ceux qui ont des connaissances plus poussées se sentent libres de corriger certains éléments ou d'apporter leur grain de sel en commentaires.

Afin d'illustrer ce qui s'offre aux petits épargnants, je prendrai en exemple Bouba, fils de dictateur africain récemment arrivé au Québec et désirant faire fructifier ses avoirs personnels.

Bouba a 5 000$ dans son compte. Comme à peu près tous les petits épargnants, Bouba n'aime pas le risque. Il décide donc de prendre un placement garanti à la caisse populaire et reçoit, pour ses 5 000$, un taux d'intérêt annuel de 2% (à peu près ce qui est offert actuellement sur les marchés). Comme les intérêts reçus pour un placement sont imposables en totalité, le rendement après impôt du placement n'est que d'environ 1%. Considérant que l'inflation annuelle normale est de 2%, les 5 000$ de Bouba offrent en réalité un rendement négatif de -1%! Bref, Bouba perd de son pouvoir d'achat en laissant son argent sous forme de placement garanti à la caisse populaire. Bouba se fait donc vigoureusement baiser par le système, mais dort tout de même sur ses deux oreilles puisque son placement est garanti et qu'il ne court aucun risque de perdre son montant ainsi placé.

Bouba pourrait aussi opter pour un fond commun de placement qui offre des rendements supérieurs aux placements garantis. Par contre, en optant pour ces fonds, Bouba doit savoir que les gestionnaires de fonds se gardent une bonne commission qui n'est pas apparente pour ceux qui font l'acquisition de ces dits fonds. Les spécialistes le disent presque tous: les fonds communs de placement sont un outil pour les petits épargnants peu avisés. Le grand financier Montréalais Stephen Jarislowsky écrit également dans son livre que de 33% à 40% du rendement des fonds communs de placement se retrouvent dans les poches des gestionnaires de ces fonds. En bref, si vous constatez que l'accroissement de la valeur de vos fonds a été de 10% cette année, c'est qu'elle était en fait de 14% et que 4% de votre rendement a servi à enrichir d'autres personnes. De plus, ces fonds sont assez risqués par rapport au rendement effectué et ne versent aucun dividende. Je précise que je détiens des REER en fonds communs de placement et que je me ferai le devoir de les liquider lorsque le marché aura remonté suffisamment.

Bouba pourrait aussi investir ses 5000$ dans la jungle de la bourse. Mais Bouba a peur car la bourse est remplie de milliers de créatures avec des noms étranges et des comportements imprévisibles. Par contre, si Bouba investit dans une compagnie établie et diversifiée, offrant des perspectives de croissance intéressantes, offrant un dividende intéressant, étant bien gérée et N'ÉTANT PAS DANS UN DOMAINE CYCLIQUE OU ENCORE UN DOMAINE OÙ LA CROISSANCE EST EXAGÉRÉE, il a d'intéressantes chances de faire un bon coup. Toutes les bulles finissent par exploser et il faut à tout prix éviter de faire l'acquisition d'actions relatives à des phénomènes de "modes" passagères. Il faut donc choisir un secteur non-cyclique et pas artificiellement gonflé. Il faut aussi privilégier les actions qui offrent des dividendes (qui sont en quelque sorte une compensation monétaire versée aux actionnaires). En effet, pourquoi devrait-on financer une entreprise en lui prêtant notre argent si cette dernière ne nous donne rien en retour (rien d'autre qu'une possibilité d'accroissement de la valeur de l'action)?

Par exemple, Bouba pourrait acheter des actions de la Banque Scotia. Cette banque est en affaires depuis plus de 150 ans (ses risques de faire faillite sont moindres que ceux d'une entreprise récente oeuvrant dans le domaine des nouvelles technologies), offre des services diversifiés et "essentiels" pour l'économie (assurances, financement, prêts, développement économique en Amérique Latine, etc...) offre un dividende d'environ 5% (en gros, si une action coûte 100$, elle rapporte 5$ de dividende par année). À ce sujet, spécifions que les dividendes sont moins imposés par le gouvernement que les intérêts de placement (les 2% de l'exemple du placement de la caisse pop sont imposables à 100% alors que les dividendes le sont dans une moindre mesure). Ainsi, les dividendes reçus sont moins grugés par l'État.

Finalement, et c'est là le plus intéressant, la valeur de l'action devrait croître avec le temps. En cette période de crise monétaire, la plupart des actions sont sous-évaluées et sont donc disponibles à un coût inférieur à ce qui devrait être le cas. Toujours dans le cas des actions de la Banque Scotia, le coût actuel de l'action est au même niveau qu'il y a quatre ans. Et tout ça, presque uniquement à cause de la nervosité des marchés. Bref, le coût de l'action est sous-évalué et c'est en période de crise tel que c'est actuellement le cas qu'il faut opter pour ce genre d'action solide et sous-évaluée.


Le graphique ci-dessus représente bien ce qui peut constituer une bonne affaire pour l'investisseur. On peut voir que la croissance de la valeur de l'action est assez constante au fil des années (excepté ces deux dernières années où le marché a commencé à moins bien aller, mais pour presque TOUS les titres) et qu'il n'y a pas de "bulle" (une bulle sur graphique serait représentée par une pente très prononcée en une courte période vers le haut).
Bouba pourrait aussi choisir une autre compagnie offrant des services reconnus et bien établis. En faisant des choix éclairés, la valeur des actions de Bouba pourra probablement s'accroitre de 5 à 10% à chaque année et continuer de lui verser 5% de dividendes. Si Bouba veut revendre ses actions dans 5 ans, leur valeur aura possiblement pris 50% de valeur (il pourra les revendre 150$ au lieu des 100$ correspondant au coût d'achat) et il aura reçu 1 250$ en dividendes. Aucun autre placement n'aura pu offrir pareil rendement. Il s'agit donc, d'abord et avant tout, d'opter pour un secteur sécuritaire à propos duquel on s'est renseigné.
Dans 5 ans, Bouba pourra retourner dans son pays et contribuer, avec sa fortune personnelle ainsi acquise, à financer l'achat de machettes pour poursuivre le génocide qui y sévit.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je recommande l'excellent livre "Dans la jungle du placement" de Stephen A. Jarislowsky.