jeudi 31 mai 2012

Le pont

Cet hiver ou ce printemps, afin de meubler les discussions, je disais à mon garçon qu'on allait construire un pont pour traverser le petit ruisseau en arrière de la maison. Évidemment, je parlais au travers de mon chapeau car je suis totalement incompétent au niveau manuel. Ça fait que je crois que j'ai impliqué mon père dans l'histoire. Oh oui, c'est Papi qui va construire un pont finalement. Ça fait que ça a fini par se rendre aux oreilles de Papi qui semblait intéressé par le projet. Ça fait dur un peu Papi hein? Moi, mes grands-parents, je les appelais "grand-papa" pis "grand-maman". Que voulez-vous, les vieilles expressions reviennent pis on finit même par les trouver normales à force de les utiliser...

Ainsi, la semaine passée, mon père est parti sur un trip de construire le fameux pont par-dessus le fossé.

Ça fait qu'il a pris les mesures du fossé pis il est allé à la quincaillerie dans le but d'acheter pour je sais pas trop combien d'argent de bois (au moins 100$) afin de construire un super pont long de 16 pieds, soit environ 5 mètres.

De l'autre côté du fossé, puisqu'il n'y avait que des hautes herbes style plants de framboises mélangés avec de l'herbe à puce, j'ai passé le fouet, comme on dit à Québec. Ça a créé une petite éclaircie d'environ 2 mètres de large. Pas de quoi faire une épluchette de blé d'inde.

Mais au fond, le pont n'a pas pour objectif de se rendre de l'autre côté. Son objectif est plutôt de marcher dessus. Ou, comme aurait dit Steve Jobs (voir sa biographie): Le voyage est la récompense.



mercredi 30 mai 2012

Dérives

J'ai lu le livre de Biz, le séparatiste de Loco Locass, au sujet de sa dépression post-partum. Ça s'appelle « Dérives ».

Le champ lexical rappelle les chansons de Loco Locass : on y retrouve une pléthore de termes lus/entendus à peine une fois par année par le québécois moyen. Parfois, Biz nous plogue un « câlisse » ou un « tabarnak » pour nous montrer qu'il est capable d'être à la fois élitiste et proche du peuple en un seul et même livre. Étrangement, on est content quand le « câlisse » arrive parce qu'on n'avait jusque-là pas grand-chose de familier auquel s'agripper.  

Grosso modo, le roman est l'histoire ordinaire d'un gars ordinaire qui se réfugie dans son lit, incapable de faire face à son nouveau rôle de père et à sa réalité qui le déprime et l'ennuie. Les chapitres sont séparés par une allégorie sur un gars qui navigue seul dans un marais et qui se retrouve face à sa potentielle mort (au bout de sa déprime). Peu friand des paraboles, j'ai fini par sauter ces chapitres afin de me concentrer sur la vraie histoire, laquelle se lit en 30 minutes.

Je me suis demandé si Biz (j'aimerais bien pouvoir l'appeler par son vrai nom parce que je me sens pas confortable à l'idée d'appeler ce type par son nom d'artiste) vivait réellement une dépression post-partum ou si c'était une dépression comme tant d'autres causée par une accumulation de frustrations et/ou  un mal de vivre.

Un passage du livre revient sur Dédé Fortin, le « magnifique samouraÏ » qui s'était battu pour la patrie et s'était suicidé en partie à cause de l'échec du référendum de 1995. On revient aussi sur la désillusion de René Lévesque suite au référendum de 1980. Les souverainistes déçus se suicident ou meurent à petit feu à cause de leur mission impossible, dirait-on. Ça semble indiquer que Biz traine lui aussi un invivable boulet de Canadien contre son gré.

C'est bien beau avoir des convictions (en fait, non, c'est pas si beau que ça), mais faut en revenir des ostis de référendums. Achetez-vous un chien si vous êtes séparatistes. Vous avez ben plus de possibilité de faire votre bonheur avec ce sur quoi vous avez une emprise directe qu'à partir de grands idéaux qui dépendent de millions d'autres personnes. 

lundi 28 mai 2012

Anecdote de carrés rouges

J'aimerais bien parler de boulot puisque j'aurais des choses à raconter. Mais je veux/peux plus le faire ça fait que, maudite marde, je dois parler d'autres choses. Comme de sujets originaux tels que la grève étudiante.

Il y a environ 10 jours, j'étais en train de me faire un fond en buvant de la bière sur la rue St-Jean avec Mike Boy. On fait ça au moins une fois par année, c'est notre moyen de combattre les stéréotypes comme quoi on est nécessairement raisonnable et mature dans la trentaine. Beau travail.

Tout allait bien. Jusqu'à ce qu'une manifestation d'étudiants nous passe dans la face pour troubler notre quiétude.

Habituellement, je suis le plus tranchant des deux. En fait, le terme "habituellement" n'est pas approprié. Le bon mot serait "toujours" puisque je pense que c'est la seule fois depuis qu'on se connait où Mike Boy avait un point de vue nettement plus catégorique que le mien au sujet de l'actualité. Mike avait carrément le goût de tirer les grévistes avec un sling-shot ou mieux, un bazooka.


Une fille avec un carré rouge est passée à côté de nous. On lui a dit que les carrés rouges étaient maintenant illégaux (je pensais avoir lu à quelque part que c'était devenu illégal la veille ou l'avant-veille. Je constitue définitivement une très piètre source d'information fiable). Débute alors une discussion avec cette fille qui s'avérait être une française non-résidente. La fille se disait bien sûr être contre la hausse des frais de scolarité. Mike était en calisse contre la cause et en plus, la fille était une française. Fallait pas la laisser s'exprimer aussi librement sans la tasser dans un coin. Y'a pas une socialiste du pire pays bureaucratisé/syndicalisé au monde qui va venir nous dire comment gérer nos affaires.

Je lui dis donc qu'on payait pas cher et que partout ailleurs au Canada, c'était bien plus cher. Quand on est sur le marché du travail, on se compare toujours avec le même corps de métier dans les autres provinces (pompiers, policiers, médecins, etc). Pourquoi ça marche pas avec les étudiants? C'est juste approprié de se comparer quand on a quelque chose à gagner?

Ah non, faut pas comparer. L'éducation se doit d'être gratuite.

Et elle quitta quelques minutes plus tard, n'ayant probablement aucun argument de contre-attaque.

Quand t'habites pas à quelque part pis que tu connais pas la réalité de la place, me semble qu'un minimum d'humilité implique que tu devrais fermer ta gueule. C'est comme les gens qui haïssaient George Bush. Vos yeules, vous habitez pas aux États-Unis, vous connaissez pas la réalité américaine. Y'était sûrement cave en bonne partie de par le fait que les politiciens sont pas mal tous caves à la base, mais pour l'intégralité de sa personne, quel est votre niveau de maîtrise de la question? C'est ce que les journalistes de Cyberpresse ont écrit à répétition au cours des dernières années? Ou bien c'est ce que les images qui circulent sur Facebook laissent comprendre, avec un George Bush qui tient un livre pour enfants à l'envers?

Je le répète: j'ai beaucoup de misère à prendre position dans ce débat parce que je me sens pris en sandwich entre un gouvernement qui se gère tout croche et des étudiants qui font la grève à chaque année depuis au moins 20 ans.

Mais c'est pas vrai qu'il n'y a un côté qui est pur. Pis les carrés rouges sans notion d'économie ont l'air à commencer à se sentir un peu trop purs à mon goût.

mercredi 23 mai 2012

La pire semaine de ma vie

Ai-je été une victime ou un agresseur dans cette histoire? Possiblement un peu des deux. En fait, les termes sont mal choisis pour définir le rôle que j'ai joué. Relater cette histoire me rend d'ailleurs un peu inconfortable: je ne peux envisager recevoir de grande sympathie mais ça me mettrait en maudit de me faire dire "t'as couru après" parce que je ne considère pas que c'était si mérité d'en arriver là.
 

Grosso modo, l’histoire, c’est que mon blog a été connu d’une, puis de deux, puis de quatre, puis de je sais pas combien de personnes à mon ancien bureau. Ça a pris pas mal de temps, mais ça a fini par se rendre aux boss par le biais d’un gars qui n’était pas « confortable » avec certains de mes écrits. 

Tout ça a coïncidé avec le moment où j'étais le plus exaspéré de ma job et du laisser aller maximal que j'y voyais. Ça tombait donc très mal.


L’étrange précision est que j’étais en bons termes avec le gars qui m’a « stoolé ». Il venait occasionnellement s’asseoir 20 ou 30 minutes dans mon bureau pour jaser de tout et de rien (je n’ai jamais su qu’il lisait mon blog, sauf après la fin de l’histoire). Comble de l’incohérence, il a pensé que d'en parler au boss plutôt que de m’en parler était une bonne idée. 


Et c’est ainsi que les choses se sont mises à dégénérer (je n'ai su l'histoire qu'après être parti). Le dossier a cheminé jusqu’au boss plus haut. Puis, aux ressources humaines. Puis, on a envoyé à mon nouvel employeur le lien de mon blog qui relatait que quelqu’un m’avait dit que c’était un endroit qui n’avait pas de bon sens. Le processus de mutation a été bloqué et j’ai été obligé de laisser tomber le poste à cause de ce passage (c’est ce qu’on m’a dit). Le gestionnaire de cet endroit m’a dit que mon nom « était fait » dans la place, ce qui m’a fessé tel un uppercut. Comment pouvait-on se rendre là avec le récit somme toute banal d’une référence négative? Quelqu’un m’en voulait vraiment et désirait me nuire à tout prix. 


Qui était-ce? J’ai bien entendu longuement hésité entre le concierge et la madame de la cafétéria. 


J’étais pogné à ma job avec une menace floue. Quelle allait être la suite? Si mon blog avait cheminé à l'externe, il l'avait certainement fait à l'interne, mais jusqu’à quel point?


Deux jours passèrent et je fus convoqué une semaine plus tard à une rencontre avec les ressources humaines, sans doute pour qu’on applique des mesures disciplinaires à mon endroit. J'étais en route pour un knock-out.


J’ai très mal dormi pendant une bonne partie de la semaine. J’ai même failli être malade pendant une nuit, ce qui n’était jamais arrivé à ma connaissance (pour une histoire non-alimentaire du moins). Bref, ce fut probablement la pire semaine de ma vie. J’ai compris pourquoi les gens angoissés et stressés développaient des cancers : j’ai trouvé ça insoutenable pendant 4 jours, imaginez une année.


Heureusement, j’ai appris qu’on m’offrait une nouvelle job ailleurs le lendemain de la convocation qui m’a été envoyée pour rencontrer les ressources humaines. Je pouvais quitter dès cette journée-là. C’est ce qui a été fait. J’étais content : j’allais enfin pouvoir dormir et j'allais surtout pouvoir éviter une possible réprimande. 

J'en revenais pas que j'aie pu me rendre là. Si au moins j'avais écrit des trucs haineux et gratuits du genre "Mon boss est un osti de gros porc laid, JE VEUX LE TUER ET LE DÉCOUPER EN FINES LAMELLES!!". Mais non, tout avait été écrit en ne nommant personne, en n'étant pas agressif dans mes propos et en relatant simplement des situations de laisser-aller extrêmes (selon ma perception et celle des gens qui m'entouraient mais manifestement pas selon les boss). 


J’en tire plusieurs leçons :


  • Fermer sa gueule au sujet de ce qui se passe dans le cadre de sa job. Même si on se rend compte qu’il y a du trafic de poudre dans le bureau, fermer sa calisse de gueule;

  • Même si tout va bien avec son boss, garder sa garde élevée car tout peut basculer du jour au lendemain (pour une mésentente qui parait banale à priori). Un boss qui veut prendre un employé en défaut ramassera tout ce qu’il peut pour monter un dossier à son employé (par exemple, l’utilisation d’Internet, même si le bureau au complet passe sa vie sur Internet);

  • Un boss va agir nettement plus vite pour préserver son image que pour s’attaquer à un problème de fraude ou toute autre situation inacceptable selon vos valeurs. Ainsi, préserver l’image de son boss peu importe la situation, peu importe l’ampleur des autres problèmes en cours;

  • L’attitude sera toujours plus importante que la compétence. Les patrons veulent rarement entendre que ça va mal ou que des choses sont louches. Ils veulent entendre qu’ils sont bons, qu’ils travaillent fort et qu’on est heureux de pouvoir compter sur eux.

  • Ne jamais afficher de photo aussi floue soit elle de sa personne (probablement non pertinent si les règles 1-2-3 sont appliquée mais c’est une sécurité supplémentaire);

  • Un blog ne vaut pas une santé, ni une carrière. 

lundi 21 mai 2012

Recommencer

Le fait de recommencer en neuf m'a profondément écoeuré. J'avais "travaillé" pendant des années pour bâtir mon précédent blog.

J'y avais relaté presque tous les moments marquants des dernières années de ma vie. Des centaines de textes travaillés super longtemps. Je travaillais moins mes textes depuis quelques années, mais je me rappelle qu'en 2006 ou 2007, ça m'arrivait parfois de passer une heure ou deux à retravailler des passages, à essayer de rendre le texte plus percutant, à couper les répétitions, à aller droit au but, etc. 

Ce qui me décevait beaucoup, c'était toutes ces aventures mémorables conservées à un endroit qui allait  possiblement disparaitre. Et puis je perdais une partie de mon identité, même si, quand on y pense, un nom de blogueur ne veut absolument rien dire. C'était quand même mon nom. Comme si je perdais mon adresse civique ou mon numéro de téléphone. En fait, ça signifiait un peu plus que ça...


Je vais récupérer une partie de mes archives. En fait, je vais tenter de garder mes 2 meilleurs textes pour chaque mois depuis 2005. Ceux qui se demandaient quels étaient mes meilleurs textes pourront faire le tour rapidement pour voir ce dont je suis le plus fier d'avoir écrit, ou encore, les moments qui ont eu le plus d'importance dans ma vie.

Ça donnera un échantillon restreint mais de qualité.

Pourquoi Penetrator?

Pourquoi choisir pareil surnom? Pour choquer? Pour être gratuitement grossier?

D'abord, pour faire changement. Ensuite, parce que c'est un nom qui n'a aucun rapport et surtout aucun lien avec le précédent.

Ce nom remonte à l'époque où ma soeur travaillait dans un club vidéo. Un jour, elle nous avait fait traverser les petites portes, un ami et moi. Elle nous avait montré quelques pochettes de films de cul en riant. Un de ceux-ci était "Penetrator", un film porno inspiré de Terminator. Vous n'avez qu'à écrire Penetrator sur Google pour voir une imitation de Terminator II en train de fourrer une fille. La pochette est très drôle de par sa grande similitude avec le vrai film.

Le nom est resté dans ma tête pendant des années. Je l'ai finalement repris sur un jeu de combat qui s'appelait Lycos Fightclub, vers 2002. Parmi les gens qui connaissent mon blog, je crois qu'il n'y a que Véronique de Gatineau qui a vécu cette époque.

Mon personnage s'appelait Penetrator. Quand je gagnais, la phrase que j'écrivais habituellement était "Vous avez été pénétré par Penetrator". Mon pote Gaétan (avec qui je jouais) m'appelle encore comme ça à l'occasion.

J'ai repris le même nom sur www.chess.com cette année. C'est un nom complètement déplacé pour ce site et la mentalité des gens qui le fréquentent. Au moment où je m'apprête à gagner une partie, j'écris habituellement "You've been penetrated" dans la fenêtre de discussion. C'est ma façon de bousculer la bourgeoisie.

Malgré tout, ce nom n'aura aucun lien avec les sujets abordés ici. Je n'avais tout simplement aucun autre nom en tête. Je pense que je cherchais quelque chose de plus vieux que mon dernier nickname. Peut-être pour me donner l'impression que je ne repartais pas en neuf tant que ça...