Un pote à moi avait acheté un deal sur Tuango qui consistait à faire du rafting à St-Casimir, dans le comté de Portneuf.
Ça faisait des
années que je voulais essayer le rafting. Ma seule appréhension était
relative aux gens qui sont morts en rafting et dont on a entendu parler
dans les médias au cours des deux dernières décennies. Toutefois, cette
fois-ci, on était confronté à des rapides de niveau débutant, ça fait
que ma crainte se situait plutôt au niveau d’avoir peur de me promener
sur l’équivalent en difficulté d’une piscine creusée.Notons d’entrée de jeu que l’entourage de mon pote est principalement constitué de gens assez spéciaux. On peut résumer le tout assez bien avec l'expression "gars et filles de shop".
L’exemple suivant illustre la strate supérieure des
caves qui gravitent autour de lui :
Mon ami s'exécute au péril de son équilibre. |
Nous sommes un
groupe de 10 personnes ce qui donne 2 bateaux de 5 personnes. Au moment
de faire la répartition des bateaux, le propriétaire du rafting donne
les instructions de base. Il prend quelques secondes pour s’adresser
directement à une jeune fille âgée de 7-8 ans accompagnée de sa mère
dans la quarantaine (au look de serveuse de bar bas-de-gamme, avec un
piercing en-dessous d’un oeil). Lorsque le propriétaire du rafting
demande à la jeune fille comment elle doit réagir si elle tombe à l’eau,
sa mère intervient en disant : « Si on veut le savoir, on a juste à la
calisser à l’eau hahaha! », amusée par sa propre désopilante blague.
Heureusement, la vie me permet de prendre place dans un bateau différent d’elle.
Je ne m’en trouve pas moins accompagné de gens un peu particuliers, notamment le gars qui m'a fait le lift jusque là et qui m'a dit que son ex l'avait calissé là après avoir détourné dans ses poches les allocations familiales du gouvernement qui l'avaient presque rendue riche (selon sa version, elle était devenue assez riche pour ne plus avoir besoin de lui). De plus, ce par quoi il était passé était pire que si ses parents et sa soeur étaient morts...
Nous finissons donc par mettre les bateaux à l'eau. Comme on avait le
droit de s’emmener de la boisson à bord, certains deviennent saouls avec
leur rhum and coke. Moi, j’ai quelques bières. Pas de quoi être chaud,
mais assez pour me détendre et me permettre de me niveler vers le
bas, histoire d'être en phase avec certains compagnons de descente. La blonde de mon pote passe les 15 premières minutes du trajet à
hurler la chanson de terrain de jeux « On pagaie, on pagaie, mais où
t’as mis les pagaies… » ce qui passe près de me faire perdre la raison.
Mais à partir du moment où elle passe à autre chose, je commence à avoir
un peu plus de fun.
Les principales
parties de plaisir ont lieu lorsqu’on provoque des pertes de contrôle
du bateau en tournant en rond sans arrêt comme des amateurs, en
chantant des chansons. Ou bien lorsqu’on s’aventure dans les rapides en
tournant en rond (ce qui ajoute quelques degrés de difficulté à
l’aventure) ou bien quand on se garroche carrément sur les rochers des
rapides et qu’on reste pris sur une roche. À ce moment là, si une
personne dit qu’il faut se déprendre, je ou une autre personne dit :
« Voyons, calmes toi, on a jamais été aussi bien de toute la descente ».
Et c’est ainsi que nous nous débouchons une bière ou plongeons la main
dans un sac de chips au beau milieu des rapides, échoués sur un rocher
qui râpe le dessous du bateau. La photo plus haut fut prise après que j'aie dit à mon pote de sauter sur une roche des rapides et de se tenir sur une jambe pour que ça donne une belle photo. La photo a nettement dépassé mes espérances: je me suis esclaffé quand je l'ai vue.
On tourne tellement
en rond et on pagaie tellement comme des imbéciles que le trajet qui
devait durer 1h ou 1h30 se transforme en trajet de 3h. Mais le temps
finit par se couvrir, on commence à être fatigués et mon pote commence à
avoir un bon mal de bloc sans doute causé par son ingurgitation effrénée
de rhum and coke (il tient une bouteille de rhum sur la photo).
Ce que je ne sais
pas à ce moment là, c’est que le trajet de rafting aura été à l’image du
trajet de retour en voiture. Mon pote, dans un état d’ébriété avancé,
peine à se tenir debout et exige des arrêts fréquents pour vomir à
plusieurs reprises durant le chemin du retour jusqu’à Québec.
Ce qui transforme un voyage d’environ 1 heure en épopée vomitoire de 3 heures.
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