jeudi 16 mai 2013

C'est ma fête, je défonce le tiers de siècle

Depuis peut-être une dizaine d’années, j’avais un peu de poil sur la poitrine et autour du nombril aussi.
Cette année, j’ai regardé mes pieds. J’avais du poil dessus. J’avais même du poil sur les orteils. Comment du poil pouvait bien pousser là?
Quand avais-je perdu mes orteils de vue? Ou, en d’autres mots, depuis quand avais-je du poil dessus? Depuis quand étais-je un adulte? Depuis quand étais-je un chimpanzé? Est-ce que ça m’est arrivé comme ça, en l’espace de 2-3 ans ou si c’était là depuis plus longtemps et que j’étais tout simplement passé à côté, préoccupé par des choses plus importantes?
OK, direz-vous, on s’en fout des pieds. On s’en fout un peu, mais ce serait la même chose si on fixait une zone particulière de notre corps à la recherche de vieillissement. Comme les cheveux blancs. Ou bedon les taches de vieillesse. Ou bedon une bedaine. Ou bedon des rides…
Ah quelle merde de vieillir. Quelle plaie de s’imposer soi-même une espèce de pression de « j’ai 34 ans, je peux pus faire ça, ça serait déplacé ». Vu qu’au niveau physique, je suis pas trop affecté, je le prends surtout mentalement, pour le moment. Mais je reste sur mes gardes et sais pertinemment qu’un coup de vieux peut arriver du jour au lendemain. Comme ces gens qui, en l’espace d’une année, ont les cheveux complètement blancs.
D’un autre côté, je me rends compte à quel point je joue le même disque depuis des années. Je me revois avec mon pote Dominic, assis sur les murets de la Grande Allée, à 19-20 ans, à nous dire qu’on vieillit pis qu’on est pas matchés, pis qu’on a les deux pieds dans le béton vu que toutes les filles de notre âge qui ont du bon sens ont un chum.
QUEL CONNARD J’ÉTAIS. À l’âge où j’avais la vie devant moi, je me plaignais déjà que la vie était mal faite. Quelle ostie de trajectoire de complainte que la mienne. Le pire, c’est que j’ai encore tendance à voir les obstructions de la vie bien avant ses opportunités. Sacrament, ça fait 15 ans pis j’ai à peu près pas évolué. Suis-je condamné à finir ma vie avec ce que mon cerveau me dicte comme mode de réflexion? J’ai beau être pleinement conscient de ce trait de ma personnalité, ça vient tout seul. J’écoutais pas de Pink Floyd à l’époque donc je peux même pas mettre la faute sur Roger Waters.
À bien y penser, le meilleur moyen de mener sa vie, c’est d’être comme Forrest Gump et de prendre la vie comme une boite de chocolats, un morceau à la fois, en s’adaptant en conséquence. Ça me prendrait un sérieux formatage pour en arriver là (faut dire que Forrest Gump est pas mal formaté à la base), mais peut-être qu’avec un peu de conditionnement, je pourrais arriver à décaler légèrement ma trajectoire de vie. L’affaire c’est que ça fait au moins 15 ans que je sais que je suis comme ça. Est-ce que je suis vraiment capable de changer? J’envie les animaux, j’envie les enfants, j’envie Forrest Gump, de rien anticiper trop loin.
FUCK MON CERVEAU. FUCK MES 34 ANS.

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