Dimanche matin, 3 décembre 2006. Je suis couché dans mon lit, les stores ouvertes. Le ciel est beau, bleu, dégagé.
Outre
le lavage du dimanche, je me demande quoi faire pour m'occuper et
faire de cette journée une journée spéciale. Je dois avouer que mes
fins de semaine sont généralement vides, ce qui m'ennuie à un degré
variable selon les saisons. L'hiver, ça m'ennuie assurément plus que le
printemps ou l'été, vous l'aurez deviné. Mais je me demande quels sont
les gens qui ont des fins de semaine vraiment chargées, hormis ceux qui
travaillent, ceux qui ont des enfants ou ceux qui pratiquent
intensivement un sport? Comme je n'ai pas la possibilité ou pas le goût
de faire partie d'aucune de ces catégories, je me dis que mon état
d'oisiveté est incontournable...
Pour
m'occuper, quoi de mieux qu'un peu d'écriture sur ce blog? Vous savez,
depuis plusieurs jours, j'aurais le goût d'écrire plein de trucs ici
(en fait j'ai plusieurs ébauches de textes non publiés, j'attends le
bon moment pour les publier...), mais on dirait que soit que j'ai
l'impression de radoter avec mes introspections ténébreuses qui
reviennent toujours au même, soit que je suis bloqué par l'idée qu'un
certain nombre de personnes qui me connaissent dans la vraie vie lisent
ce blog.
J'éprouve
exactement la même sensation pour ma musique. J'ai l'impression de me
répéter, de refaire des pièces qui sont une variante plus ou moins
recherchée d'une autre pièce déjà faite auparavant. Bref, j'ai
l'impression d'avoir fait le tour et de n'effectuer qu'un retour
prévisible sur des sentiers déjà empruntés.
C'est vraiment plate, c'est
comme si j'étais arrivé au bout de ce que j'avais à offrir à
l'humanité (je prends ça au sérieux hein?).
Et
j'étais là, couché, tel un prestataire de l'assistance-emploi, à me
demander quoi faire pour m'occuper, à me demander à quoi rimait mon
existence. À être blasé de la vie à un point tel que je me disais que
quoique je fasse, mon état ne pouvait à peu près pas évoluer à long
terme. Oui, je pourrais m'acheter un banjo ou une flûte traversière, ça
serait bien plaisant pendant quelques mois d'apprentissage, mais je
finirais par avoir fait le tour là aussi. Quand même que je vendrais ma
maison et que je crisserais ma routine là, pour partir à l'aventure,
faire le tour du monde, je réaliserais bien vite que tout est partout
pareil. Les paysages changent, mais l'être humain reste
fondamentalement ennuyant partout où que l'on aille. J'en suis
profondément persuadé et ça me désole. Il y a des gens étonnants et
charismatiques, mais ils sont si rares que ce n'est pas en partant faire
le chemin de Compostelle en Espagne qu'on a plus de chance de les
trouver qu'à Place Laurier ou au Club Price.
Il
n'y a véritablement qu'une seule chose en laquelle je crois de plus en
plus avec les années, c'est la totale insignifiance de mon existence.
Du petit tas de poussière puante en devenir que je représente. Et
malgré tout ça, je suis mû par l'idée omniprésente que je me dois de
rentabiliser au maximum chaque temps libre qui m'est offert. Parce qu'il
n'y a que les idiots qui attendent un diagnostic de cancer du cerveau
pour se mettre en marche.
Bref, j'éprouve le vif désir de bouger, avec la certitude que bouger ne changera rien.
Comment
on pourrait appeler ça? Le désespoir? Humm non. N'ayant pas
nécessairement le goût de me tirer une balle dans la tête, je n'irais
pas jusqu'à utiliser ce terme là. Mais on dirait que je deviens un
pourri d'existentialiste à la Jean-Paul Sartre ou à la Albert Camus, et
ça me dégoûte. Car je ne veux rien avoir de commun avec des ostis de
Français.
Sous
un beau ciel bleu du début décembre, dans une banlieue de la rive-sud
de Québec, j'avais l'impression, en vingt-sept années d'existence,
d'avoir déjà fait le tour des surprises que pouvait offrir la vie.
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