Je
disais souvent à mon prof d'escalade que mon but, en suivant le cours,
était de gravir des parois enneigées en bedaine, comme Sylvester
Stallone dans "Falaise dans la mort". Je me trouvais bien drôle et lui
aussi. Ça me procurait un sentiment de plaisir, puisqu'à défaut d'être
bon grimpeur, j'étais au moins bon blagueur.
Toujours
est-il que suite à mes allusions répétées à ce film, mon prof m'a
recommandé quelque chose de beaucoup plus crédible. Il s'agissait de
"Touching the Void" (VF: La mort suspendue) qui raconte l'histoire
vécue de deux jeunes britanniques de 21 et 25 ans partis gravir une
montagne de 6300 mètres, dans les Andes, au Pérou, en 1985. Il me
disait que c'était comme dans la vraie vie, et que c'était un excellent
film qui méritait d'être vu.
Je suis donc allé me louer ce film, afin d'occuper mon dimanche après-midi.
Voici un petit résumé de l'histoire. Vous allez voir, c'est pas mal enlevant:
Tout
commence par une présentation de nos deux grimpeurs. Ils font la
narration de l'histoire pendant que 2 grimpeurs-acteurs reconstituent
l'histoire à l'écran. Ça commence sans trop niaiser. L'escalade débute dans les 5 premières minutes du film. La
montée se déroule assez bien. Les deux alpinistes réussissent à se
rendre au sommet en trois jours, même si le tout s'avère périlleux.
Toutefois,
lors de la descente, un des deux alpinistes fait une très mauvaise
chute et se casse une jambe. Quand je dis "casser", je dis que le tibia
du gars a remonté dans sa jambe et est venu fracasser la rotule (ayoye
tabarnac!) ce qui fit en sorte qu'il se retrouvait, pour ainsi dire,
unijambiste.
En
montagne, une blessure, ça signifie presque inévitablement la mort. On
ne peut pas grimper (ou descendre) des parois horizontales quand on
n'a qu'une jambe sur laquelle reposer ou se pousser. Ça prend 4 membres
opérationnels. Malgré tout, l'alpiniste indemne décide de tenter
d'aider son compagnon à regagner le sol. Ça ne fonctionne pas comme
prévu et lors d'une descente sur une pente, notre unijambiste se
retrouve bientôt suspendu au-dessus du vide (la pente qu'il dévalait
s'est terminée par un précipice). L'autre alpiniste n'a finalement
d'autre choix que de couper la corde pour ne pas chuter lui aussi
(bref, il devait se dire: "c'est lui ou c'est nous deux").
La
suite de l'histoire raconte comment l'alpiniste qui a coupé la corde
réussit à redescendre et surtout comment l'autre alpiniste blessé,
tombé dans une crevasse, réussit à s'en sortir. Malgré sa chute de 45
mètres, il réussit à sortir de la crevasse, puis à redescendre le reste
de la montagne en se servant presque exclusivement de ses deux bras
pour se tirer! C'est complètement débile, se tirer pendant des
kilomètres, uniquement par ses deux bras. On le voit être complètement
déshydraté alors qu'il y a tout plein de neige autour de lui (de la
neige, ça n'hydrate pas tant que ça à ce qu'il parait), on le voit
aussi se pisser dessus et aimer ça à cause du peu de chaleur que ça
procure.
Le
film est donc tragique bien qu'un moment soit assez amusant: dans un
moment de désespoir, une toune disco que l'alpniste blessé déteste
commence à lui revenir en tête. Puis, ça se met à jouer en "repeat" pendant des heures, dans sa tête... Il en vient à se dire qu'il va mourir sur cet air qu'il déteste tant!
Le
gars a perdu le tiers de son poids pendant ces quelques jours. Et au
moment où il était le plus désespéré, il réussit à regagner le camp de
base où son ami, par chance, est toujours présent.
C'est
probablement un des films les plus marquants que j'ai vu. Ça m'a un
peu fait penser à "The Shawshank Redemption", bien que ce soit
totalement dans un autre contexte. Mais les deux films ont ceci de
commun que ce sont deux incroyables leçons de persévérance et de
courage. De plus, c'est tourné dans un style très neutre, quasiment un
documentaire, ou plutôt une reconstitution de ce qui a pu se passer.
Les paysages sont écoeurants et il n'y a rien qui paraisse romancé. Je
vous le recommande vivement, même si l'escalade ne vous intéresse pas
du tout. C'est très émouvant de voir comment le gars réussit à
atteindre son but et se fixant de petits objectifs, et surtout, de le
voir dire à son ami qu'à sa place, il aurait aussi coupé la corde.
Louez-vous
ça! Vous ne pourrez pas le regretter. Et comme je ne fais jamais de
chronique vidéo ici, si je prends la peine de le faire, c'est que ça
vaut la peine!
De
mon côté, l'escalade, je laisse ça de côté. Je trouve que c'est un
sport super excitant, mais un peu débile. Quand tu te divertis en
laissant ta vie entre les mains de quelqu'un d'autre, je pense que tu
cours un peu après le trouble. En tout cas, moi j'aime mieux mourir par
ma faute que par celle de quelqu'un d'autre...
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