lundi 11 décembre 2006

La mort suspendue


Je disais souvent à mon prof d'escalade que mon but, en suivant le cours, était de gravir des parois enneigées en bedaine, comme Sylvester Stallone dans "Falaise dans la mort". Je me trouvais bien drôle et lui aussi. Ça me procurait un sentiment de plaisir, puisqu'à défaut d'être bon grimpeur, j'étais au moins bon blagueur.
 
Toujours est-il que suite à mes allusions répétées à ce film, mon prof m'a recommandé quelque chose de beaucoup plus crédible. Il s'agissait de "Touching the Void" (VF: La mort suspendue) qui raconte l'histoire vécue de deux jeunes britanniques de 21 et 25 ans partis gravir une montagne de 6300 mètres, dans les Andes, au Pérou, en 1985. Il me disait que c'était comme dans la vraie vie, et que c'était un excellent film qui méritait d'être vu.
 
Je suis donc allé me louer ce film, afin d'occuper mon dimanche après-midi.
 
Voici un petit résumé de l'histoire. Vous allez voir, c'est pas mal enlevant:
 
Tout commence par une présentation de nos deux grimpeurs. Ils font la narration de l'histoire pendant que 2 grimpeurs-acteurs reconstituent l'histoire à l'écran. Ça commence sans trop niaiser. L'escalade débute dans les 5 premières minutes du film. La montée se déroule assez bien. Les deux alpinistes réussissent à se rendre au sommet en trois jours, même si le tout s'avère périlleux.
 
Toutefois, lors de la descente, un des deux alpinistes fait une très mauvaise chute et se casse une jambe. Quand je dis "casser", je dis que le tibia du gars a remonté dans sa jambe et est venu fracasser la rotule (ayoye tabarnac!) ce qui fit en sorte qu'il se retrouvait, pour ainsi dire, unijambiste.
 
En montagne, une blessure, ça signifie presque inévitablement la mort. On ne peut pas grimper (ou descendre) des parois horizontales quand on n'a qu'une jambe sur laquelle reposer ou se pousser. Ça prend 4 membres opérationnels. Malgré tout, l'alpiniste indemne décide de tenter d'aider son compagnon à regagner le sol. Ça ne fonctionne pas comme prévu et lors d'une descente sur une pente, notre unijambiste se retrouve bientôt suspendu au-dessus du vide (la pente qu'il dévalait s'est terminée par un précipice). L'autre alpiniste n'a finalement d'autre choix que de couper la corde pour ne pas chuter lui aussi (bref, il devait se dire: "c'est lui ou c'est nous deux").
 
La suite de l'histoire raconte comment l'alpiniste qui a coupé la corde réussit à redescendre et surtout comment l'autre alpiniste blessé, tombé dans une crevasse, réussit à s'en sortir. Malgré sa chute de 45 mètres, il réussit à sortir de la crevasse, puis à redescendre le reste de la montagne en se servant presque exclusivement de ses deux bras pour se tirer! C'est complètement débile, se tirer pendant des kilomètres, uniquement par ses deux bras. On le voit être complètement déshydraté alors qu'il y a tout plein de neige autour de lui (de la neige, ça n'hydrate pas tant que ça à ce qu'il parait), on le voit aussi se pisser dessus et aimer ça à cause du peu de chaleur que ça procure.
 
Le film est donc tragique bien qu'un moment soit assez amusant: dans un moment de désespoir, une toune disco que l'alpniste blessé déteste commence à lui revenir en tête. Puis, ça se met à jouer en "repeat" pendant des heures, dans sa tête... Il en vient à se dire qu'il va mourir sur cet air qu'il déteste tant!
 
Le gars a perdu le tiers de son poids pendant ces quelques jours. Et au moment où il était le plus désespéré, il réussit à regagner le camp de base où son ami, par chance, est toujours présent.
 
C'est probablement un des films les plus marquants que j'ai vu. Ça m'a un peu fait penser à "The Shawshank Redemption", bien que ce soit totalement dans un autre contexte. Mais les deux films ont ceci de commun que ce sont deux incroyables leçons de persévérance et de courage. De plus, c'est tourné dans un style très neutre, quasiment un documentaire, ou plutôt une reconstitution de ce qui a pu se passer. Les paysages sont écoeurants et il n'y a rien qui paraisse romancé. Je vous le recommande vivement, même si l'escalade ne vous intéresse pas du tout. C'est très émouvant de voir comment le gars réussit à atteindre son but et se fixant de petits objectifs, et surtout, de le voir dire à son ami qu'à sa place, il aurait aussi coupé la corde.
 
Louez-vous ça! Vous ne pourrez pas le regretter. Et comme je ne fais jamais de chronique vidéo ici, si je prends la peine de le faire, c'est que ça vaut la peine!
 
De mon côté, l'escalade, je laisse ça de côté. Je trouve que c'est un sport super excitant, mais un peu débile. Quand tu te divertis en laissant ta vie entre les mains de quelqu'un d'autre, je pense que tu cours un peu après le trouble. En tout cas, moi j'aime mieux mourir par ma faute que par celle de quelqu'un d'autre...

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