À
la fin des années 90, j’ai été animateur dans un terrain de jeux
pendant deux étés. Ce furent mes premières expériences de travail et
j’ai trippé. Je pense d’ailleurs que c’est la période de ma vie dont je
garde le meilleur souvenir.
Au
cours de ces étés, je suis devenu ami avec l’un des animateurs. Il
était fort sympathique, quoi qu’un peu maniéré. Il était aussi un peu
baveux, cultivé et bourgeois sur les bords.
Un
jour, Nicolas (un autre animateur) m’avait dit que certains des jeunes
de mon groupe appelaient cet ami le « méga-gai », ce qui l’avait bien
fait rire. Je pense que ça m’avait pas fait rire car il s’agissait quand
même d’un ami. Mais la remarque était à propos. Il avait véritablement
l’air gai. Je supposais toutefois que c’était un de ces gars à l’allure
gaie mais non-gai.
D’ailleurs,
à la même époque, j’avais reçu un courriel de Guillaume, ex-collègue de
classe à l’Université m’ayant avoué son amour depuis le premier jour où
il m’avait vu (dans un courriel intitulé « vraiment pas facile à dire »). Ce courriel fut un grand choc pour moi.
J’avais
montré le email à quelques proches pour m’aider à digérer tout ça.
J’avais entre autres montré le courriel à cet ami et il m’avait répondu
quelque chose d’amusant et de pas gai du tout. C’était un peu méprisant
pour Guillaume, à la limite (précisons ici que, par une étrange
coïncidence, avant sa déclaration d’amour, je pensais que Guillaume était un hétéro qui avait l’air gai).
Au cours de notre vingtaine, cet ami et moi nous sommes tranquillement éloignés l’un de l’autre. À
mes débuts sur le marché du travail, on se voyait encore une fois de
temps en temps pour aller prendre une bière. Puis, ça s’est distancé de
plus en plus alors qu’il était moins disponible en allant passer la
plupart de ses fins de semaine dans des chalets avec des amis. Quand je
lui demandais s’il était libre, il me répondait qu’il « avait loué un
chalet à Trois-Rivières pour la fin de semaine avec des amis ». Pour
moi, ça sonnait comme une grosse orgie avec des saunas remplis de
sperme. Mais sait-on jamais me disais-je : « y’a des hétéros qui ont
l’air gais ».
Puis,
il est parti habiter à Montréal et sa vie continuait de se poursuivre
dans une succession de partys. Il était toujours célibataire, du moins
sur Facebook. Parfois, je le voyais avec une belle fille sur une photo,
mais ça se révélait toujours être son amie. En fait, le seul moment où
je l’ai vu avec une fille, c’est quand on était animateurs au terrain de
jeux tous les deux et qu’il avait invité sa blonde à une activité.
Après coup, je ne l’ai plus jamais revu accompagné. À bien y penser, je
pense qu’en 15 ans, il ne m’a jamais dit qu’il trouvait qu’une fille
était belle.
Dernièrement,
il a mis en ligne des photos de voyage sur Facebook. C’était gai en
saperlipopette. Je pense jamais avoir vu autant de photos gaies. Cinq
gars, toujours collés les uns sur les autres, avec des poses semblant
présager une brochette imminente. Dans la mer, tous les cinq, se serrant
les uns contre les autres ou se regardant comme des amoureux. Mais pas
un couple d’amoureux : un quintet d’amoureux. Pis, le grand punch, sur
une photo, un gars donne un bec sur la joue à mon (ancien) ami. Bref,
ces photos sentaient le smegma.
Malgré
tout, après ces nombreuses années de doute et les récents indices
fortement révélateurs, un doute subsiste toujours en mon esprit quant à
son attirance envers le sexe mâle.
Je
continue d’attendre une preuve scientifique recevable telle qu’un état
civil mis à jour sur facebook indiquant « en couple avec un garçon ».
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