samedi 4 octobre 2014

GHB

François et moi, on est ensemble aux Voûtes de Napoléon, sur la Grande Allée. Le bar est assez plein et on finit par être invités à s'asseoir avec deux filles. Éventuellement, un gars de plus se rajoute à nous.

La soirée se déroule bien, on boit de la bière, on écoute le chansonnier et on jase un peu avec nos compagnes de table. Les filles sont bien sympathiques.

À un moment donné, une des filles devient pas mal chaude et ce, de façon assez subite. On se dit que c'est simplement une fille qui ne sait pas boire.

Ses deux amis et elle finissent par quitter le bar. François et moi restons là.

Ce qu'on ne réalise pas à ce moment là, c'est que l'amie féminine de la fille chaude va dire au portier qu'on a versé quelque chose dans la bière de son amie. J'ai aucune putain d'idée comment elle a pu penser ça parce que, me semble qu'on a fait aucun geste suspect autour de son pichet ou de son verre de bière. Je l'admets, j'ai déjà pissé dans la bière d'un gars qui était mon ami alors que j'avais environ 17 ans. Mais j'ai jamais inséré aucune substance autre que mes déjections dans la bière d'une personne.

Ainsi, peut-être une heure plus tard, François et moi quittons le bar. Le portier, un gars d'au moins 10 ans de moins que moi, nous intercepte et nous dit approximativement ceci (il s'adresse essentiellement à François mais j'interviens vite dans la conversation, tel que présenté ci-dessous):

"Vous avez versé quelque chose dans le verre de la fille avec qui vous étiez!"
"Hein? De quoi tu parles?"
"Si jamais je vous pogne en train de faire ça, vous allez passer la pire soirée de votre vie!"
"Euh? De quel droit tu me fais des menaces? J'ai jamais fait ça et t'as pas le droit de faire des fausses accusations pis de me menacer de même. Je suis avocat moi. Tu t'enlignes pour une méchante poursuite. J'ai déjà poursuivi quelqu'un pour 10 000$ pour quelque chose comme ça..."
CHANGEMENT D'ATTITUDE DU PORTIER
"Ben là, mettez vous à ma place!"
"Ça change rien, t'as pas le droit de nous parler de même, ça fait que watch ce que tu dis sinon on va se revoir en cour!"
"Je me suis peut-être trompé, mais j'ai pas le choix de faire des avertissements comme ça... Bonne soirée."

Merci à notre voisin ultra-cave de m'avoir permis d'assimiler la mentalité d'un avocat pour qui tout préjudice subi, aussi insignifiant soit-il, est qualifié haut et fort d'illégal et se règle devant les tribunaux.

*****

Ensuite, on chemine vers mon auto pour repartir. On croise un groupe de gars dans la jeune vingtaine. Je m'adresse à l'un d'eux et lui dit:
"Où est-ce que vous vous en allez veiller comme ça?" (il était 2h30 du matin)
"On s'en retourne chez nous!"
"Ben là, c'est la Grande Allée par là. Vous vous en allez sûrement pas vous coucher sur la Grande Allée..."
"On revient d'un petit bar en bas sur la rue St-Jean... "
 "Le Sacrilège? La Ninkasi?"
"Non... c'est une petite place..."
"Le temps partiel?"
"Oui."
"Eurk, ça pue ce bar là pis le monde est vraiment laid!"
"Ça s'est mal passé. Je me suis battu."
"Ah ouin! Cool. En passant, c'est ma fête!"
"Hey bonne fête man!!"
"Quel âge tu me donnes?"
"35 ans!"
"Wow, t'es vraiment bon... 3 octobre 1979, c'est ma date!"

Le gars me serre la pince vigoureusement. Je remarque que son chandail est tout sale.

On repart chacun de notre côté. Quelques minutes plus tard, je regarde ma main et constate qu'elle est pleine de sang! Le chandail du gars était sûrement sale à cause du sang. C'est vraiment dégueulasse. J'ai des résidus de bagarre de bar sur la main. Et je sais même pas à qui appartient ce sang. Au gars qui m'a serré la pince ou bien à un gars anonyme qui a mangé une volée au Temps Partiel? Je devrai vivre le reste de ma vie sans avoir la réponse à cette troublante question. Comble de l'embarras, j'ai aucun lavabo à portée de main car on est dans la rue, à 2h30 du matin.

Je revis exactement le moment, il y a deux ans, où à cause de mes problèmes de jointures sèches, j'ai saigné dans la main d'un gars du bureau à la première fois où je lui ai parlé.

Au moins, lui savait à qui appartenait le sang et s'est immédiatement précipité aux chiottes pour se laver la main.

Je n'ai pas eu ce luxe.

1 commentaire: