mercredi 6 août 2014

Effet d'entrainement et influence

J’ai récemment lu un bon livre sur les phénomènes d'entrainement en psychologie et sur l'influence.  Plusieurs passages m'ont marqué, mais j'ai le goût de revenir plus particulièrement sur deux sections du livre:
On parle d’abord des dindes qui craignent les moufettes. Lorsqu’une moufette s’approche des petits de la dinde, cette dernière passe à l’attaque, en mode protection.
Par contre, lorsqu’on enregistre le bruit caractéristique des petits de la dinde et qu’on dispose l’enregistreur dans une moufette empaillée, on voit que la dinde s’occupe maintenant de son prédateur naturel, soit la moufette, comme s’il s’agissait de son petit.
En lisant cette histoire, on rit de bon cœur en se disant : « Stie qu’y sont connes les dindes! Stie qu’on fait bien de les manger!».
Et on remercie l’évolution et le bon Dieu de nous avoir fait intelligents et raisonnables.
Malheureusement, quand on poursuit la lecture du livre, on tombe sur le chapitre des suicides et de leur effet d’entrainement. On peut lire entre autres que tout suicide publié par les médias a automatiquement un effet d’entrainement dans les jours suivants la publication. Si le suicidé est une personnalité publique, l’effet est encore plus dévastateur.
Pire que pire, des chercheurs ont établi que la publication de suicides avait un effet sur le nombre d’accidents d’autos et même d'avions. En analysant la cause des accidents d'auto et d’avion, il a été constaté qu’aucune manœuvre de freinage ou d’évitement n’a été faite par le conducteur avant la collision ou le crash. Et ces accidents survenaient nettement plus fréquemment dans la semaine suivant la publication d’un suicide dans les médias.  On avise donc que les éditorialistes ont une responsabilité éthique de ne pas donner de poids médiatique au suicide étant donné les conséquences probables sur le lectorat.
En d’autres mots, la détresse de l’être humain est contagieuse et la contagion s'opère via les médias.
On se dit finalement qu’on est vraiment pas si intelligents que ça. On réalise que même les dindes, si épaisses soient-elles, ne se suicident pas par effet d’entrainement.  On se dit même que les cannibales ont peut-être pas si tort que ça de manger des êtres humains, au bout du compte.
Et on se demande si on est vraiment bénéficiaires de l’évolution et si y’a vraiment un bon Dieu qui existe et qui puisse avoir créé une créature aussi manipulable et teintée par l’effet d’entrainement de son environnement que l’être humain.

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