dimanche 10 novembre 2013

Small talk, big talk et esoteric talk

C'est l'heure du texte hebdomadaire de Master Penetrator. Êtes-vous prêts? Non? Moi non plus.

La semaine passée, au cours de la même journée, j'ai assisté ou participé à deux discussions assez spéciales. Ça m'a fait réaliser qu'il n'y avait pas que le small talk auquel je suis allergique. Ça m'a surtout fait réaliser que du monde dont la compagnie est ennuyante ou fuckée, y'en a parfois plus qu'on pense.

Voici trois catégories de discours que j'ai observées et qui m'irritent:

Le small talk: Tout le monde connait le small talk. Presque tout le monde s'adonne au small talk occasionnellement. Mais les gens dont l'intelligence est au moins modérée essaient d'éviter ce type de discussion autant que possible. Rappelons qu'il s'agit de discussions principalement axées sur les petites choses banales de la vie desquelles on traite comme s'il s'agissait de nouveautés fascinantes. Le small talk est généralement axé sur la météo, sur les téléréalités ou sur les sujets à propos desquels tout le monde à une opinion et à propos desquels notre opinion personnelle n'a aucune valeur ajoutée. Le small talk prend toute sa splendeur lorsqu'il s'exerce entre petites madames de 50 ans qui fument, qui ont la voix rauque et qui sont frustrées par leur niveau d'accomplissement personnel limité. Par exemple:

"Moi ce qui m'écoeure, c'est les BS qui continussent à pas travailler même s'ils pourraient avoir une job"
Pffffff (poffe de cigarette)
"Ouin, gang de crosseurs, pis le gouvernement les encourage à rester comme ça pis eux autres y gaspillent notre argent avec des gratteux pis de la bière."
PFFFFFF (poffe de cigarette)
"C'est vrai, ça, Micheline! J'avais jamais pensé à ça"
PFFFFFFFFFFFFF (poffe de cigarette à l'unisson)

Le big talk: Le big talk n'est pas chose fréquente. Un des seuls exemples que j'ai à portée de main, c'est un type dans l'autobus qui s'écoute parler. À ma connaissance, il va à l'Université et fait une maîtrise ou même un doctorat en histoire. La semaine passée, il était assis avec un autre gars et les deux disaient des phrases de 20 mots pour dire la même chose qu'une personne normale aurait dit en 7 mots (ce qui donne 66% de gaspillage lexical). Voici un exemple:

"Y faut dire qu'au temps de la Nouvelle-France, les facteurs psycho-sociétaire étaient très différents d'aujourd'hui".
"Oui, c'est vrai, dans ce temps là, les gens ne matérialisaient pas autant leurs besoins qu'aujourd'hui"
"Ça peut s'apparenter au besoin d'accomplissement qui dévore les sociétés occidentales depuis le 20ème siècle".
Et ainsi de suite.

Le esoteric talk: Le esoteric talk, ça, c'est encore plus rare. Mais sur 100 personnes, y'en a toujours 3 ou 4 de ce type là. Ces gens ont le profil pour adhérer aux théories du complot. Dans le genre que ce sont les américains qui ont organisé les attentats du 11 septembre. Ou bien Neil Armstrong n'a jamais marché sur la lune. Ou bien PFK élève des poulets mutants sans pattes qui sont servis à leurs clients. Parfois, c'est pas aussi anti-américain que ça. Parfois, c'est juste purement ésotérique. On parle d'extraterrestres, d'énergie, de lignes de la main, de lumières intérieures. J'ai pas vraiment d'exemple extrême de ce type autour de moi, mais y'a un gars qui m'a dit récemment quelque chose comme ça:

"Moi, je suis un employé de niveau Wayne Gretzky. Je connais ma réputation! Pis je sais que après tout ce que j'ai enduré dans ma vie, quand je vais décéder, je vais la voir, la lumière."
"Ok, comme tout le monde?"
"Non pas comme tout le monde, faut la mériter! Pis moi je sais que je vais la mériter cette lumière là. C'est le karma!"
"OK!"
Et ainsi de suite.

Évidemment, une fois, c'est drôle. Mais quand chaque discussion avec une personne revient continuellement au small talk, au big talk ou au estoteric talk, c'est pas vraiment amusant.

Tous les exemples que j'ai en tête sont trop fréquents pour être amusants.

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