En 1993, Sting
chantait « If I ever lose my faith in you », une chanson disant grosso
modo qu’il a perdu la foi en un paquet de choses mais que s’il perd sa
foi en toi (s’adressant ici à une personne ou à Dieu ou à une entité
quelconque), il sera foutu.
Parfois, je me sens
comme ça. Récemment, j’ai perdu ma foi en Radio-Canada et ça m’a un peu
ébranlé. Non pas que je chérissais particulièrement cette chaîne, mais
je la plaçais quand même nettement en haut du reste de ce qu'on a au Québec. Après avoir vu des
reportages sensationnalistes à « La Facture » et à « Enquêtes » à propos
de sujets que je connais très bien ou de sujets qu’une amie connait
aussi très bien, je me suis dit : "Tabernacle, ces émissions ont
pourtant l’air super rigoureuses mais dans le fond, la seule recherche derrière les reportages est celle du sensationnalisme".
Quand on perd sa
foi en Radio-Canada, on peut pas vraiment se retourner vers TVA qui met
l’accent sur des émissions comme Le Banquier, Occupation Double, la
Poule aux œufs d’or ou autre chose du genre. On peut pas non plus se
retourner vers V. On peut juste se retourner vers des chaînes comme le
National Geographic qui nous montrent de belles images de gazelles
africaines ou de bovidés de la Sibérie. Et encore là, si des
commentaires accompagnent les images, il y a fort à parier qu’ils seront
émis par des maniaques de Green Peace qui vont affirmer que les femmes devraient avoir la touffe poilue puisque le poil est une protection naturelle contre les aléas climatiques.
Non, en vérité je vous le dis, lorsqu'on pousse la réflexion, on se dit que la perte de foi en les médias est très lourde de conséquences. Parce qu'à peu près toutes les informations absorbées le sont via les médias. Si les médias blastent le gouvernement, une entreprise ou bien les policiers sans raison, ça veut peut-être dire que c'est pas un cas isolé et que toutes les autres indignations ressenties à l'écoute des autres reportages sont montées de toutes pièces par des journalistes qui tournent les coins ronds en voulant que leur émission monte dans les sondages et aille chercher de meilleurs revenus publicitaires. Par effet domino, ça implique que toutes mes opinions basées sur de la matière préparée par des journalistes ne repose sur rien de solide.
Alors, devant
l’absence de foi en la télévision, on se met à essayer des drogues
pour oublier qu'on vit nourrit par le mensonge. Et on veut fuir son mal de vivre. Le pot fait un moment. Mais après on se
tourne vers la coke, le crack et l’héroïne et malgré le bonheur initialement retrouvé, le mal de vivre devient de
plus en plus grand. On pogne l'hépatite ou même le SIDA avec une aiguille infectée et les carottes sont cuites. On ne voulait que fuir le mensonge omniprésent et on se retrouve avec le tétanos et les reins qui ne fonctionnent plus. Maudit calisse.