Je
continue de raconter, presque à chaque soir, des histoires à mon garçon.
Parfois, c’est en sortant du bain, alors que je fais sécher devant le
poêle à bois dans le sous-sol. Plus souvent, c’est dans le lit, alors
que je lui chuchote des histoires dans l’oreille.
En décembre,
j’avais ma banque de 5-6 histoires inventées qui tournait en boucle.
Mais depuis quelques semaines, mon gars réclame constamment de nouvelles
histoires. Si bien que j’ai dû inventer au moins 50 histoires
différentes depuis le début de l’année 2014. Le grand nombre fait que
les histoires manquent maintenant de punch et sont un peu répétitives. Mais parfois, je réussis à en sortir une qui m’amuse malgré tout.
J’ai toujours pris
soin de raconter des histoires un peu épeurantes mais pas trop. Dans ce
sens que le méchant de l’histoire se révélait être inoffensif ou bien le
petit garçon ou la petite fille finit par faire
mal ou même tuer le gros monstre. Bref, les gentils gagnent presque
toujours dans mes histoires. Et il y a souvent un aspect grotesque qui
désamorce complètement la tension, mais étrangement, c’est pratiquement
cet aspect grotesque qui effraie le plus mon gars. Ce qui fait en sorte
que fiston me réclame maintenant des histoires en spécifiant
l’atmosphère dans laquelle elles se déroulent :
« Je veux une
histoire épeurante qui se passe le jour avec une petite fille » ou bien
« Je veux une histoire pas épeurante qui se passe la nuit avec un petit
garçon ». Si je lui offre une histoire épeurante qui se passe LA NUIT,
il répond qu’il aime pas ces histoires là.
Je pense que ça
remonte à la fois où je lui ai raconté l’histoire d’un petit garçon qui
se promenait dans un cimetière tard le soir. Alors qu’il marchait dans
le noir, tout à coup, une main lui a attrapé le pied! Puis, une autre
main lui a attrapé l’autre pied! (En lui racontant l’histoire couché sur
son lit, je lui attrape un pied à chaque fois, ce qui le fait
sursauter). Comme pour toutes les histoires, mon gars regarde dans le
vide en imaginant la scène. Lorsque le petit
garçon est agrippé de partout par les mains des morts qui sortent du
sol, le petit gars lâche un gros pet ce qui force les mains à se bouger
le nez. Le petit garçon peut ainsi se sauver chez lui.
Fort grotesque
comme récit mais je pense que c’est depuis cette histoire que mon gars
réclame des histoires qui ne se passent plus la nuit, à moins qu’elles
ne soient pas épeurantes.
Deux choses me font bien rigoler quand je raconte mes histoires :
1- Lorsque
je fais l’introduction, je dis par exemple « C’est l’histoire d’un
petit garçon qui avait 4 ans et qui aimait beaucoup aller au parc avec
ses parents. Le petit garçon aimait se balancer et aller dans les
grosses glissades… » Si mon intro dure plus que 20 secondes, mon gars
m’interrompt pour dire « pis un jour? ». Parce que le punch arrive
toujours après la mention « pis un jour… ». Ça revient à dire « j’en ai
rien à branler de l’introduction ».
2- Je
demande parfois à mon gars de me dire ce qui va se passer pour le
personnage de l’histoire. Par exemple, si je dis qu’une petite fille
écoutait la télé toute seule chez elle et que tout à coup, ça a cogné à
la porte, je demande à mon garçon ce qui est selon lui derrière la
porte. Il regarde alors dans le vide en étant très concentré sur
l’intrigue de l’histoire et me répond « un requin? » (la première fois
qu’il m’a répondu ça, j’étais vraiment crampé, mais le requin est revenu
souvent dans ses hypothèses par la suite). Après, il me répond « un
tigre? ». Je dis non. Il essaie « un écureuil? ». Je dis non. Il essaie
« Un gros fantôme? ». Et ainsi de suite.
Dernièrement,
je lui racontais justement l’histoire d’un petit garçon à la garderie
qui s’était fait dire de ne jamais ouvrir une porte en particulier. Le
petit gars a quand même ouvert la porte et qu’est-ce qu’il a vu derrière
la porte (ai-je demandé à mon fils)? « Un gros requin! ». Oui! Un gros
requin. Pis y’était en train de manger un fantôme!
L’histoire
est complètement débile mais je pense que ça a fait peur à mon fils
même si le petit gars est complètement hors de danger dans l’histoire.
Ça ressemble à ça mes histoires. Et même si j’éprouve un certain manque d’inspiration à force d’essayer d’inventer 5
ou 6 histoires différentes par soir, je trouve vraiment cool de voir la
face de mon gars qui visualise l’histoire pendant que je lui raconte.
L’imagination c’est une des choses les plus importantes qui se doit
d’être cultivée chez les jeunes enfants je pense…