mercredi 23 mai 2012

La pire semaine de ma vie

Ai-je été une victime ou un agresseur dans cette histoire? Possiblement un peu des deux. En fait, les termes sont mal choisis pour définir le rôle que j'ai joué. Relater cette histoire me rend d'ailleurs un peu inconfortable: je ne peux envisager recevoir de grande sympathie mais ça me mettrait en maudit de me faire dire "t'as couru après" parce que je ne considère pas que c'était si mérité d'en arriver là.
 

Grosso modo, l’histoire, c’est que mon blog a été connu d’une, puis de deux, puis de quatre, puis de je sais pas combien de personnes à mon ancien bureau. Ça a pris pas mal de temps, mais ça a fini par se rendre aux boss par le biais d’un gars qui n’était pas « confortable » avec certains de mes écrits. 

Tout ça a coïncidé avec le moment où j'étais le plus exaspéré de ma job et du laisser aller maximal que j'y voyais. Ça tombait donc très mal.


L’étrange précision est que j’étais en bons termes avec le gars qui m’a « stoolé ». Il venait occasionnellement s’asseoir 20 ou 30 minutes dans mon bureau pour jaser de tout et de rien (je n’ai jamais su qu’il lisait mon blog, sauf après la fin de l’histoire). Comble de l’incohérence, il a pensé que d'en parler au boss plutôt que de m’en parler était une bonne idée. 


Et c’est ainsi que les choses se sont mises à dégénérer (je n'ai su l'histoire qu'après être parti). Le dossier a cheminé jusqu’au boss plus haut. Puis, aux ressources humaines. Puis, on a envoyé à mon nouvel employeur le lien de mon blog qui relatait que quelqu’un m’avait dit que c’était un endroit qui n’avait pas de bon sens. Le processus de mutation a été bloqué et j’ai été obligé de laisser tomber le poste à cause de ce passage (c’est ce qu’on m’a dit). Le gestionnaire de cet endroit m’a dit que mon nom « était fait » dans la place, ce qui m’a fessé tel un uppercut. Comment pouvait-on se rendre là avec le récit somme toute banal d’une référence négative? Quelqu’un m’en voulait vraiment et désirait me nuire à tout prix. 


Qui était-ce? J’ai bien entendu longuement hésité entre le concierge et la madame de la cafétéria. 


J’étais pogné à ma job avec une menace floue. Quelle allait être la suite? Si mon blog avait cheminé à l'externe, il l'avait certainement fait à l'interne, mais jusqu’à quel point?


Deux jours passèrent et je fus convoqué une semaine plus tard à une rencontre avec les ressources humaines, sans doute pour qu’on applique des mesures disciplinaires à mon endroit. J'étais en route pour un knock-out.


J’ai très mal dormi pendant une bonne partie de la semaine. J’ai même failli être malade pendant une nuit, ce qui n’était jamais arrivé à ma connaissance (pour une histoire non-alimentaire du moins). Bref, ce fut probablement la pire semaine de ma vie. J’ai compris pourquoi les gens angoissés et stressés développaient des cancers : j’ai trouvé ça insoutenable pendant 4 jours, imaginez une année.


Heureusement, j’ai appris qu’on m’offrait une nouvelle job ailleurs le lendemain de la convocation qui m’a été envoyée pour rencontrer les ressources humaines. Je pouvais quitter dès cette journée-là. C’est ce qui a été fait. J’étais content : j’allais enfin pouvoir dormir et j'allais surtout pouvoir éviter une possible réprimande. 

J'en revenais pas que j'aie pu me rendre là. Si au moins j'avais écrit des trucs haineux et gratuits du genre "Mon boss est un osti de gros porc laid, JE VEUX LE TUER ET LE DÉCOUPER EN FINES LAMELLES!!". Mais non, tout avait été écrit en ne nommant personne, en n'étant pas agressif dans mes propos et en relatant simplement des situations de laisser-aller extrêmes (selon ma perception et celle des gens qui m'entouraient mais manifestement pas selon les boss). 


J’en tire plusieurs leçons :


  • Fermer sa gueule au sujet de ce qui se passe dans le cadre de sa job. Même si on se rend compte qu’il y a du trafic de poudre dans le bureau, fermer sa calisse de gueule;

  • Même si tout va bien avec son boss, garder sa garde élevée car tout peut basculer du jour au lendemain (pour une mésentente qui parait banale à priori). Un boss qui veut prendre un employé en défaut ramassera tout ce qu’il peut pour monter un dossier à son employé (par exemple, l’utilisation d’Internet, même si le bureau au complet passe sa vie sur Internet);

  • Un boss va agir nettement plus vite pour préserver son image que pour s’attaquer à un problème de fraude ou toute autre situation inacceptable selon vos valeurs. Ainsi, préserver l’image de son boss peu importe la situation, peu importe l’ampleur des autres problèmes en cours;

  • L’attitude sera toujours plus importante que la compétence. Les patrons veulent rarement entendre que ça va mal ou que des choses sont louches. Ils veulent entendre qu’ils sont bons, qu’ils travaillent fort et qu’on est heureux de pouvoir compter sur eux.

  • Ne jamais afficher de photo aussi floue soit elle de sa personne (probablement non pertinent si les règles 1-2-3 sont appliquée mais c’est une sécurité supplémentaire);

  • Un blog ne vaut pas une santé, ni une carrière. 

5 commentaires:

  1. Seigneur, je ne pensais pas que c'tait si pire que ça! Quand j'ai perdu ma job en février dans des circonstances vraiment illégales, j'en avais un peu parlé sur mon blogue et finalement, après coup, j'ai tout enlevé. On sait jamais!

    Je me suis rendue aussi compte que puisque je suis dans un milieu très pointu (sur le sujet), avec une simple Alerte Google sur le mot, on peut m'identifier en 5 minutes. Alors je ne prendrai pas de chance (quoique j'adore ma job) et ne mentionnerai jamais les mots en question.

    J'imagine que toi aussi tu a-do-res ta nouvelle job hen?! ;)

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  2. J'espère que ta nouvelle job te plait au moins.
    C'est poche par exemple. Au lieu d'utiliser tes écrits pour se remettre en question et se demander s'il y a un problème (je pense au consultant en particulier), ils font ça. En fait peu de gens ont la maturité pour prendre la critique de la bonne façon.
    Et pour tes leçons, j'apelle ça l'expérience! C'est souvent appris à nos dépends par contre! Faut jamais oublier que le monde est très très petit, qu'on ne sait jamais à qui on a réellement affaire (ou qui nous lit réellement!).
    Et le stress et l'angoisse sont les états les plus difficiles à supporter à long terme!

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  3. Je trouve vraiment poche que ça en soit arriver la pour toi, tes propos ne méritais pas tout ce tappage et surtout pas de mesure disciplinaire aussi ferme. Encore moins de te planter a ton futur employeur, ça c'est vraiment bas.

    T'es pas mal bon de continuer malgré tout un blog.

    Bonne chance dans ta nouvelle recherche d'emploi !!!!

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  4. Je ne me souviens pas de t'avoir vu écrire rien de bien grave sur ta job à part celui qui disait travailler à partir de chez lui en bobette et calculait ses heures comme il le voulait.
    De toute façon, comme tu dis, le mieux, quand tu travailles, est de rester anonyme le plus que tu peux. Des cons sur le net il y en a tout plein, j'en ai eu aussi dans mon premier blog (une conne envieuse) et j'ai été obligé de changer de nom. Que veux-tu, quand on est beau et intelligent comme on l'est, faut s'attendre à ça.

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  5. Tant qu'à moi, ta seule erreur aura été de ne pas avoir su mieux préserver ton anonymat.

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