En
prenant la résolution d'assumer mon célibat, j'ai slaqué pas mal le
temps passé sur l'ordinateur. Quand on sait que rien de bon ne sera
tiré des soirées, aussi nombreuses soient-elles, passées devant
l'ordinateur, qu'est-ce qu'on fait?
On se rabat sur la télévision.
Malheureusement,
la télévision est encore pire que l'ordinateur pour se rendre compte à
quel point la vie est vide de sens: sur l'ordinateur, on jase avec
plein de gens. La plupart n'ont pas grand chose à dire et on a bien
souvent l'impression de perdre son temps. Mais au moins, on interagit
avec des gens (aussi analphabètes soient-ils).
Devant
la télévision, on réalise qu'on est bel et bien seuls. Et en plus
d'être seuls, on se rend compte qu'on est en train de s'abrutir
solidement devant une émission complètement idiote. J'ai écouté pour la
première fois mon premier épisode de Virginie au complet dans les deux
dernières semaines. Je me suis surpris à trouver ça pas si pire.
J'étais même pratiquement horrifié à l'idée que ce soit la dernière
saison alors que je me trouvais au seuil d'un vif intérêt pour cette
série. Peut-être que le fait d'essayer d'établir le contact avec plein
de gens vides de substance m'a fait prendre conscience qu'il y avait un
peu de matière dans un téléroman de Fabienne Larouche.
Outre la télévision, les stimulations se font rares. Au niveau des stimulations hormonales en tout cas, c'est le calme plat.
Au
boulot, y'a pas grand monde qui me stimule. Oui y'a quelques belles
filles, mais aucune avec qui je n'aie le goût d'établir le contact.
La
Russe dont j'ai parlé il y a près de 2 mois est presque aussi froide
que la Sibérie. Hormis les petits sourires discrets qu'elle me fait
lorsque je la salue, je ne pressens aucune ouverture. Elle doit être
matchée, pas intéressée, introvertie ou encore lesbienne. J'ai donc, à
regret, décidé de mettre fin à mes stratégies juvéniles qui
consistaient à faire chauffer mon lunch 2 minutes de plus que requis
pour lui laisser le temps de se présenter aux micro-ondes et ainsi,
possiblement, échanger au sujet de la chute du communisme.
La
très belle fille de la semaine dernière, qui m'avait manifesté un
intérêt d'amitié, n'a pas donné suite à ma réponse. Cette offre
amicale n'était donc qu'une parole en l'air. Mais c'est le même style de
réplique que j'ai moi aussi servi à quelques filles auparavant. Je ne
vois pas en quoi le fait d'avoir le rôle de l'arroseur arrosé me
donnerait le droit d'être amer et aigri. Je n'ai le droit que d'être un
peu déçu...
Parfois, le téléphone sonne en
soirée. Je me dis que ça doit être ma mère qui veut jaser un peu. C'est
effectivement elle à coup sûr. Plus rarement, le téléphone sonne une
deuxième fois. Je suis alors tout excité. Je me dis qu'une irrésistible
fille sortie de nulle part m'appelle pour me dire que je suis l'homme
de sa vie et qu'elle n'en peut plus d'attendre dans l'ombre. Ces fois
là, mes belles illusions s'effondrent lorsque j'entends le timbre de
voix quinquagénaire au bout du fil. Car c'est encore bien souvent ma
mère qui me rappelle pour je ne sais trop quel oubli lors du premier
coup de téléphone.
Et c'est ainsi que se
déroulent les soirées du célibataire qui s'assume et qui attend que le
Bon Dieu fasse toute la job à sa place
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