Samedi soir, 27 août 2005. L'été achève, donc Sébastien et moi
profitons de la chaude et belle soirée pour retourner à Québec, tenter
d'arracher quelques pièces aux généreux touristes de la vieille
Capitale. Je dois admettre que je crains grandement les avertissements
puisque nous sommes un samedi soir et que la température est clémente.
Malheureusement, comme les disponibilités de Sébastien étaient
restreintes pour cette semaine, nous n'avions pas vraiment le choix
pour la date retenue...
Nous arrivâmes donc à
Québec vers 19h15-19h30. On s'installe à notre spot habituel sur la
terrasse Dufferin et juste le temps d'accorder ma guitare et le
violoncelliste situé une vingtaine de mètres plus loin vient nous voir
pour nous "suggérer" de sacrer notre camp. Il nous demande pour voir
nos permis, chose que nous n'avons évidemment pas. Il nous fait savoir
que si on se fait pogner, l'amende pourrait être de 260 beaux dollars.
On ne s'obstine pas trop, on ramasse nos affaires et on décide d'aller
jouer dans un escalier non loin de là, mais toutefois plus tranquille
et sans doute moins surveillé.
En chemin, nous
faisons la très sage observation qu'à 260$ d'amende pour jouer de la
musique en public, on serait aussi bien de tuer quelqu'un et de lui
voler son portefeuille. Le "tip" serait plus élevé et l'amende
moindre...
Nous nous installons donc dans les
escaliers. Sébastien est encore particulièrement en forme pour dire et
faire des niaiseries ce soir. Il a apporté son petit clavier cheap
style 1988 qui permet de faire du "sampling" (dire quelque chose
pendant 3-4 secondes et le clavier reproduit le bruit sous différentes
tonalités). Il l'utilise de façon complètement déconcertante pendant
quelques instants, le temps de me faire perdre complètement le fil de la
toune que j'étais en train d'interpréter. Nous finissons par
rassembler quelques fans, particulièrement lors de l'interprétation de
"It's the end of the world as we know it" de REM. Un homme et sa petite
famille nous écoutent passionnément. On m'a souvent critiqué pour mon
chant plus ou moins agréable à entendre, mais je dois dire que
j'interprète particulièrement bien les pièces de REM, qui cadrent très
bien avec mon timbre de voix (et avec celui de Sébastien également).
Nous interprétons également la très, très excellente "The Sidewinder
sleeps tonight" qui est assurément ma chanson préférée "live" car elle
est excessivement vivante et stimulante pour les cordes vocales. Les
passants semblent enjoués de nos performances: plusieurs sourires et un
nombre assez substantiel de pièces de monnaie en une relative courte
période.
Et ce qui devait arriver arriva.
Après peut-être une heure à jouer dans les escaliers, une petite bonne
femme d'une vingtaine d'années vient nous demander si nous avons nos
permis. On fait un peu les innocents (assez subtilement tout de même),
mais encore là, on voit bien que ça ne sert à rien de protester ou de
négocier. Aussi bien sacrer notre camp avant qu'elle n'appelle la police
et qu'on se ramasse avec la superbe et très logique amende de 260$ (en
fait, tant qu'à y'être, ouvrez nous donc un dossier criminel!). On
ramasse donc notre maigre butin de 12-13$ et on dit bonsoir à Québec
même s'il n'est que 21h15. Pas mal déçu, car ça prend toujours une
période d'adaptation de 20-30 minutes avant d'être à l'aise et d'être
en confiance. On venait de passer ce point là...
Prise
du traversier, en route pour Lévis. Sébastien me dit qu'il est pas mal
fatigué car il a travaillé toute la journée et qu'il retravaille demain
à 6h. Je lui suggère tout de même d'aller faire un tour à la terrasse
de Lévis pour voir s'il y a un peu d'action. Je débarque avec ma
guitare, Sébastien avec son petit clavier que je trouve de plus en plus
énervant avec ses sons vraiment cheaps qui ont le tour de gâcher nos
tounes. On se promène donc ici et là et on finit par prendre place sans
grand enthousiasme sur une table à pic-nique. Un étrange bohême qui
étudiait sur la terrasse de Lévis vient nous voir. Il est nu pied et
nous dit qu'il étudiait sa théorie musicale en ce samedi soir, sous un
lampadaire de la terrasse. Il nous dit également qu'il joue du violon.
On lui offre de se joindre à nous, ce qu'il s'empresse d'accepter. On
le voit arriver quelques minutes plus tard avec son violon et on
commence à jammer. Pas très longtemps après, un de ses amis avec sa
guitare et un bébé en poussette se joint à nous. Vraiment pas très
longtemps après ce bref moment, une fille, elle aussi nue pied, arrive
avec un cornet de crème glacée et une caisse de bière de marque
"Tremblay". Finalement, on apprend qu'ils sont tous trois colocs dans
une genre de commune de 8 personnes située tout juste à côté du très
populaire "Chocolat favori" de Lévis.
On
commence donc à jammer. C'est plus ou moins concluant en commencant,
mais le guitariste de la commune nous arrive avec quelques airs gitans
qui sont fort inspirants. Lui, moi et Sébastien à la guitare ainsi que
le violoniste, réussissons à créer de très beaux airs, simples mais
excessivement mélodiques. Les regards échangés entre nous témoignaient
d'une grande satisfaction face au résultat obtenu...
On
jamme ainsi pendant un bon moment, en buvant une bonne petite Tremblay.
J'échappe mon "doigt" pour faire du slide guitar par terre et
j'assiste avec effroi à l'explosion de celui-ci (je croyais que c'était
du plastique, mais c'était du verre, maudite marde!) Nous quittons
vers les minuit et demi car nos nouveaux amis nous invitent à aller
faire un petit tour chez eux. Nous acceptons, bien qu'il se fasse tard
et que Sébastien soit en état semi-comateux. On arrive dans la commune,
le violoniste se met à "blaster" du hasch sur le poèle. Sébastien et
moi restons sages sur ce point (lui par fatigue, moi par désintérêt
face à la chose). En fait, nous ne resterons là que quelques minutes,
histoire de jaser un peu et de voir le lieu de résidence de ces
vas-nus-pieds. Je pars toutefois en prenant leur numéro de téléphone au
cas ou je ressentirais le besoin de voir une paire de pieds nus dans
un horizon rapproché.
Québec, c'est terminé
pour l'année, mais Lévis, ça devrait se reproduire quelques fois (en
tout cas, j'en ai l'impression). Peut-être en étant entouré d'indigènes
de la place...
Fin du plus long texte de mon blog.