lundi 11 juin 2007

L'illumination

Jusqu'à tout récemment, je me disais que vers la fin de la vingtaine, une évolution intelligente impliquait de se ranger, de mener une vie raisonnable et idéalement, d'avoir des enfants.

Puis, lors d'un souper, la fin de semaine dernière, j'ai rencontré les "bébés-maisons", une gang d'amies à ma conjointe. Ce club sélect regroupe 3 filles qui sont toutes mariées, possèdent une maison et ont un ou des enfants.

J'étais stimulé à l'idée d'aller à ce souper, d'abord parce qu'on était sensé y manger des hot-dogs, mais aussi parce que je savais que j'allais entrer dans une autre dimension: une dimension paralèlle (ou peut-être même perpendiculaire) où les réalités de la maternité avaient éclipsé tout le reste de ce qui constitue l'existence. Je me disais que ça allait être une excellente occasion pour moi de tenter de désarçonner des gens trop sérieux.

Malgré mes grandes espérances, je n'ai pas réussi à dire grand chose. J'étais avec des gens qui se connaissaient tous depuis au moins 10, sinon 15 ans et dont l'attention était portée quasi exclusivement vers les enfants, malgré le fait qu'il y avait un grand terrain pour que ces derniers jouent en sécurité, à la vue des parents.

J'étais avec 6 adultes qui n'avaient d'yeux que pour les 5 enfants présents.

Comme le contact était plus ou moins aisé et que c'est toujours plus facile avec les enfants, je suis allé jouer dans le carré de sable avec deux petits garçons de 3 ans. Ensuite, je leur ai lancé le freesbie et j'ai joué au basketball pour finalement être appelé pour le souper.

Et c'est là que j'ai vu la dynamique de vie de famille dans toute sa splendeur. Outre la surveillance continuelle des enfants, je voyais des pères qui ne parlaient pas trop, qui avaient l'air de cheminer tranquillement vers la mort sans trop se poser de questions. Pendant ce temps, leurs blondes discutaient d'allaitement, de trayeuses à lait, de contractions et d'un paquet d'autres affaires dont personne n'a rien à foutre (malgré mon grand négativisme par rapport à l'humanité en général, je crois qu'une majorité de mères n'en ont rien à branler de jaser d'allaitement ou de contractions pendant des heures...)

C'est là que j'ai eu une illumination. Mon opinion comme quoi il serait dramatique de ne pas avoir d'enfants s'est effondrée, comme le World Trade Center percuté par un avion détourné par des talibans.

Je me suis rappelé que notre cerveau n'était utilisé qu'à 5 ou 10%. Et je me suis dit que de voir la proportion descendre à 2 ou 3% serait dramatique.

17 commentaires:

parisian cowboy a dit…
"notre cerveau n'est utilisé qu'à 4 ou 5%".... et encore, faut voir pour quoi ces 4 % sont utilisés !
La Patachou a dit…
Voilà! Moi je me dis que c'est toujours un désastre de voir ça et c'est probablement une des raison du pourquoi la maternité ne me fait pas tripper. Je trouve que ça devient un trip égo-centrique. Tu te trompes par contre sur l'intérêt de parler de l'allaitement et de tout ces machins: oui ça intéresse pleins de femmes, mais elles oublient que c'est pas toujours intéressant pour les autres!

Avoir des enfants il me semble que c'est l'accomplissement d'un couple et c'est ÇA qui est beau! Au moins, j'ai vu que mon homme était stimulant et serait vraiment un bon papa!
Véronique a dit…
Peut-être suis-je complétement naïve, mais j'ai l'impression que les personnes qui sont absorbées par leurs flots et ne voient qu'eux, sont les mêmes personnes qui étaient absorbées jadis par leur chien ou les rabais au La Baie.

J'ai l'impression que ce n'est pas une fatalité de devenir plate (ou du moins redondant) en ayant des enfants.

J'ai l'impression que je vais être différente. J'ai l'impression que je suis capable de cerner mon "auditoire", moi.

Peut-être que je suis naïve aussi.
Gooba a dit…
Oh là là, le blastage sur la maternité!!! Vous y allez fort!!

Un trip égocentrique?? Avoir des enfants, c'est tout le contraire. C'est comprendre en quelques instants le don de soi dans toute sa splendeur.

Il est vrai que certains parents ne savent pas parler d'autres choses que des enfants. Mais il faut un peu être dans le bain pour comprendre à quel point les enfants changent une vie.

Attendez que ça vous arrive, j'ai bien hâte de vous voir aller! ;-)
la marâtre a dit…
Jamais j'aurais cru t'entendre dire, ou pire écrire, que ce n'était pas le but ultime de ta vie d'avoir des enfants, et ce, sensiblement au même âge que tes parents t'ont eu...
Tu m'étonneras toujours!:)
Cyrano a dit…
Avec tout le bordel qu'on fout dans notre monde et notre égocentrisme exacerbé, je me dis que ce serait le bouttt si nous n'accomplissions même pas notre devoir biologique.

Le refus de la paternité ou de la maternité est la forme achevée du nihilisme contemporain. Si on va au bout de ce refus, et si on est honnête, il faut mettre fin à ses propres jours. Ça m'apparaît logique. Faut être drôlement prétentieux pour croire qu'on peut vivre pour soi-même, comme si on en valait vraiment la peine.
Tangerine a dit…
Je pense que c'est normal de 'penser bébé' quand on a les deux mains dedans, quand les enfants sont petits. Mais ça ne dure qu'un temps. Ensuite on reprend possession de sa vie.
Num a dit…
Je ne "trip" pas bébés même si j'aimerais vraiment en avoir un jour.

Là où je ne suis vraiment pas d'accord c'est quand tu dis que c'est égocentrique.

Quoi de plus égocentrique que de ne pas vouloir d'enfants pour vivre sa petite vie replié sur soi-même ??
Cricri a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Cricri a dit…
Je ne crois pas que ce soit égocentrique de vouloir des enfants. À la base il y a le désir réel de continuité de soi, de prendre soin, d'aimer.

Par contre, ce que je vois de plus en plus (quand on a pas d'enfant on voit les problèmes de ceux qui en ont de manière détachée et lucide puisqu'on ne se sent pas impliqué émotivement) ce sont des femmes qui, arrivées à la mi quarantaine ont envie de crisser tout ça là parce que leur ados presque devenus adultes ont changés tellement de comportement que cela ne cadre plus (consciement ou inconsciement) avec l'image qu'elles se faisaient dans leur tête !

Il n'est pas rare de voir des femmes qui alors deviennent comme frustrées de constater qu'elles ont quasi perdu leur vie à élever des enfants alors que ceux ci sont devenus ingrats, indépendants et tout...Ça je trouve que c'est égocentrique, au sens où ca prouve que malgré elles les femmes portent le désir secret que leurs enfants deviennent ce qu'elles souhaitent elles!....c'est somme toute de la projection.

Dailleurs, combien de femmes auraient des enfants si elles savaient d'avance que ces derniers ne tourneraient absolument pas comme elles le veulent ?...honnêtement, pas beaucoup je pense...

Une mère de cinquante ans me disait dernièrement qu'elle avait réalisé que même les discussions enfantine des débuts avec d'autres mères (le mien a marché plus tôt que le tien, il a fait des dents avant l'temps, etc etc) étaient une preuve qu'elle souhaitait se réaliser elle dans l'fond, au travers des enfants.....
Cette mère n'est pas déçue de sa fille, bien au contraire, elle l'éduque bien et a pour elle un amour inconditionnel de mère. Mais là, après 50 ans, elle commence à peine à réaliser ses rêves, à vivre, et voilà que ça lui fait se poser une question fondamentale : Pourquoi dans l'fond j'ai voulu des enfants ? Pour souhaiter me réaliser à travers eux ? Ou pour leur donner la vie point à la ligne et ils en feront ce qu'il voudront ?

Enfin, j'arrête...on pourrait en parler des jours et des jours....
La vie n'a pas voulu que j'ai des enfants. J'ai donc dû réaliser que l'on ne vient pas au monde pour systématiquement avoir des enfants soi-même. La vie doit être plus que ça...et honnêtement à 40 ans je ne le regrette plus du tout.

Mais ça faut pas le dire trop fort, parce que dans notre société, ne pas avoir d'enfant (par choix ou non) c'est être sans coeur...
La Patachou a dit…
Quand je dis égocentriqu (et là égo- centrique) c'est pas le fait que c'est égoïste d'avoir des enfants, parce que c'est vraiment le contraire. C'est que ces filles qui ne se centre que sur leurs enfants et les enrobes trop, empêches les petits de voir autour. Exemple: mon amie qui laisse son flot courir et découvrir, qui le fait garder une fois de temps en temps (pour comme elle me le dit: ne pas oublier son couple) a un petit qui va vers les gens, qui est curieux, se laisse prendre et joue avec les adultes et les enfants. Une autre qui ne fait que surveiller son flot, est toujours à l'attrapper avant qu'il n'arrive peut-être quelque chose, etc a des enfants qui pleurent, ne vont pas vers les autres, etc.

J'ai beaucoup d'ami(es) qui ont des enfants; certains me donnent vraiment le goût d'en avoir, mais d'autres me rendent presque stériles juste à les voir aller. Les enfants c'est la plus belle chose au monde parce qu'ils pensent différemment. C'est les adultes qui devraient prendre exemple sur eux et non le contraire.
Hikeman a dit…
je pense que le fait d'avoir des enfants est avant tout un choix personnel mais il faudrait cesser de démonifié ceux qui refusent d'en avoir. Personnellement je regarde ce que fait la race humaine fait à la planète et je me dit qu'un tel exemple de bêtise humaine est une symphonie dissonnante que je ne peux offrir à quelqu'un alors pourquoi le ferai-je en mettant un enfant au monde.

je préfère donc garder mes gènes pour moi, éviter les discussions sur l'allaitement et vivre ma vie
petite fraise a dit…
J'adore cette phrase: "je voyais des pères (...) qui avaient l'air de cheminer tranquillement vers la mort sans trop se poser de questions." Génial.

Sinon, je pense que avoir des enfants est une responsabilité que peu maîtrise. Aussi, il faut une certaine maturité et connaissance pour élever des enfants... De plus, l'important n'est pas ce que l'enfant accomplit, mais le fait qu'il devienne un adulte heureux. En cela, si j'ai des enfants, je pourrai dire que j'ai accompli ma tâche de mère... et je crois qu'il ne faut pas sacrifier ses rêves pour ses enfants... mais plutôt les intégrer à ceux-ci. De manière à devenir un exemple d'être accompli et heureux...
bibco a dit…
Eh que c'est drôle, un blog sur les gens qui sont probébégaga vs les bébépaspourmoi.
Est-ce que ça se pourrait tout simplement que les gens qui se fréquentent aient tout naturellement des atômes crochus, des goûts communs et une attitude face à la vie un peu semblable? Pourquoi s'étonner que leur bébé trip soit identique? De là à en faire l'exemple humanitaire de parents sans frontières c'est oublier qu'il y a d'autres façons de vivre la maternité et la paternité. Vivre et laissez vivre, mais surtout donner la vie, autrement qui va pousser nos chaises roulantes hein? Non mais sérieux, c'est un choix personnel de la donner cette vie ou non, mais surtout, s.v.p., ne me sortez pas l'excuse de l'égocentricité des parents...à ce compte, les sans enfants le seraient tout autant. Soyons simplement heureux de pouvoir choisir en toute liberté et assumons!
Le Voyou du Bayou a dit…
Avec ce texte, j'ai jamais eu l'intention de susciter un débat "Avoir des enfants VS ne pas en vouloir".

Je voulais seulement illustrer une tranche de vie qui m'a prouvé qu'avoir des enfants n'était pas toujours bénéfique pour la personnalité d'une personne donnée. C'est tout! Mais tant mieux si ça suscite des réflexions et que j'ai surtout pas récolté d'ostis de commentaires de merde tels que "LOL" ou "Quel bon texte" ou n'importe quelle autre criss de connerie du genre que certains se plaisent à écrire sur un paquet de blogs simplement pour s'attirer des visiteurs en retour.

Bref, je vous aime même si je ne comprends pas toujours où vous voulez en venir.
L'Indécise a dit…
C'est vrai que parfois, sous certains angles, avoir des enfants pourraient être comparer au fait de vouloir s'acheter un chien. Genre, pour mettre du piquant dans sa vie, pour s'oublier, pour s'obliger à s'occuper de quelqu'un, pour se faire croire de l'importance de notre vie...

Pourtant, je suis sûre qu'il y a plus. Ton poste m'a fait réfléchir..!

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