Afin de vous montrer à quoi ressemble une soirée comme musicien de rue à
Québec, voici le déroulement de ma soirée d'hier. Les heures avancées
sont approximatives puisque vous comprendrez que jamais je ne pourrais
interpréter une chanson de façon satisfaisante en regardant mon bras
gauche avec attention...
16h45: Je sors du bureau, direction Subway pour souper avant d'aller jouer de la musique;
17h-17h20: Je consomme mon sous-marin puis je quitte en direction du Vieux-Québec;
17h40: Je trouve un stationnement sur la rue St-Olivier, un peu plus bas que la rue St-Jean;
17h45:
En chemin vers mon spot habituel, je tombe face à mon pote Kent que je
n'avais pas vu depuis le mois d'octobre dernier. À voir son accoutrement
style designer italien très tendance, j'en déduis qu'il s'est trouvé
une job comme avocat. Il m'annonce que c'est effectivement le cas et
qu'il a même sa permanence. Nous nous mettons à jour sur nos évolutions
respectives. Je vois à son visage un certain mépris, ou à tout le moins
un dédain, pour mon statut de musicien de rue (attitude qui cadre
parfaitement avec la profession d'avocat);
18h: La
discussion se termine et j'arrive à mon spot préféré. Horreur,
l'emplacement est occupé par un violonneux portant le bandeau. Je passe
devant lui en éprouvant une certaine hostilité. Je poursuis mon chemin
jusqu'à l'autre spot déterminé par la ville de Québec, situé juste en
avant de l'épicerie Inter-Marché (quelques centaines de mètres plus
loin);
18h05: J'arrive au spot, qui est libre, et je m'installe;
18h15-18h30:
Après quelques chansons interprétées (qui semblent toutes laisser les
passants indifférents), je finis par recevoir un premier don
d'importance. Un couple qui sortait de l'épicerie me donne 3$. Je suis
content de voir que même si cet emplacement m'apparaît peu prometteur,
j'ai au moins battu mon record plancher de 1,75$ l'année dernière;
19h-19h30:
Une jeune femme de 18-20 ans avec une jupe à ras-la-touffe et un petit
gilet pas très chaud vient s'asseoir sur le banc à côté de moi pour
fumer une cigarette. Elle grelotte comme la petite vendeuse
d'allumettes. Considérant son habillement et son attitude, je me dis que
le Wolfpack sévit toujours dans la ville de Québec. J'apprendrai
toutefois qu'elle est caissière à l'épicerie juste en arrière de moi.
Avant de partir, elle me dit que je chante vraiment bien et me donne
quelques pièces de 10 cents en spécifiant que c'est tout ce qu'elle a.
Vous, est-ce que ça vous arrive de sortir de chez vous avec seulement 30
cents dans les poches?
19h30 environ: Mon ancien
voisin, Sylvain, passe devant moi avec 2 amis. Il me demande ce que je
fais là et déduit probablement la réponse avant même que je n'ouvre la
bouche. Je lui demande à mon tour s'il s'en va prendre de la drogue au
carré D'Youville. Il me répond qu'il s'en va voir un show de Réal Béland
au Grand Théâtre. Avant de partir, il s'informe de l'état de mon
cabanon et me donne lui aussi 15 ou 20 cents en me disant que c'est tout
ce qu'il a dans ses poches. Je suis abasourdi de voir que tant de gens
ne trainent que des pièces de 5 cents ou de 10 cents sur eux;
19h50:
C'est assez! J'ai fait le tour de mon répertoire, ça doit faire au
moins 30 minutes que je n'ai pas reçu de don d'importance (i.e. plus de
1$ de la part d'une seule personne). Je fais un décompte rapide des
sommes amassées. J'arrive environ à 12$. C'est ordinaire, mais j'aurai
franchi la barre psychologique des 10$ (qui indique si une soirée a été
pourrie ou non).
Peu mémorable. Mais y'avait-il quelque chose d'exceptionnel à la télé que j'aie pu manquer hier soir?
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