vendredi 29 juin 2007

L'horaire d'un artiste de rue

Afin de vous montrer à quoi ressemble une soirée comme musicien de rue à Québec, voici le déroulement de ma soirée d'hier. Les heures avancées sont approximatives puisque vous comprendrez que jamais je ne pourrais interpréter une chanson de façon satisfaisante en regardant mon bras gauche avec attention...

16h45: Je sors du bureau, direction Subway pour souper avant d'aller jouer de la musique;
17h-17h20: Je consomme mon sous-marin puis je quitte en direction du Vieux-Québec;
17h40: Je trouve un stationnement sur la rue St-Olivier, un peu plus bas que la rue St-Jean;
17h45: En chemin vers mon spot habituel, je tombe face à mon pote Kent que je n'avais pas vu depuis le mois d'octobre dernier. À voir son accoutrement style designer italien très tendance, j'en déduis qu'il s'est trouvé une job comme avocat. Il m'annonce que c'est effectivement le cas et qu'il a même sa permanence. Nous nous mettons à jour sur nos évolutions respectives. Je vois à son visage un certain mépris, ou à tout le moins un dédain, pour mon statut de musicien de rue (attitude qui cadre parfaitement avec la profession d'avocat);
18h: La discussion se termine et j'arrive à mon spot préféré. Horreur, l'emplacement est occupé par un violonneux portant le bandeau. Je passe devant lui en éprouvant une certaine hostilité. Je poursuis mon chemin jusqu'à l'autre spot déterminé par la ville de Québec, situé juste en avant de l'épicerie Inter-Marché (quelques centaines de mètres plus loin);
18h05: J'arrive au spot, qui est libre, et je m'installe;
18h15-18h30: Après quelques chansons interprétées (qui semblent toutes laisser les passants indifférents), je finis par recevoir un premier don d'importance. Un couple qui sortait de l'épicerie me donne 3$. Je suis content de voir que même si cet emplacement m'apparaît peu prometteur, j'ai au moins battu mon record plancher de 1,75$ l'année dernière;
19h-19h30: Une jeune femme de 18-20 ans avec une jupe à ras-la-touffe et un petit gilet pas très chaud vient s'asseoir sur le banc à côté de moi pour fumer une cigarette. Elle grelotte comme la petite vendeuse d'allumettes. Considérant son habillement et son attitude, je me dis que le Wolfpack sévit toujours dans la ville de Québec. J'apprendrai toutefois qu'elle est caissière à l'épicerie juste en arrière de moi. Avant de partir, elle me dit que je chante vraiment bien et me donne quelques pièces de 10 cents en spécifiant que c'est tout ce qu'elle a. Vous, est-ce que ça vous arrive de sortir de chez vous avec seulement 30 cents dans les poches?
19h30 environ: Mon ancien voisin, Sylvain, passe devant moi avec 2 amis. Il me demande ce que je fais là et déduit probablement la réponse avant même que je n'ouvre la bouche. Je lui demande à mon tour s'il s'en va prendre de la drogue au carré D'Youville. Il me répond qu'il s'en va voir un show de Réal Béland au Grand Théâtre. Avant de partir, il s'informe de l'état de mon cabanon et me donne lui aussi 15 ou 20 cents en me disant que c'est tout ce qu'il a dans ses poches. Je suis abasourdi de voir que tant de gens ne trainent que des pièces de 5 cents ou de 10 cents sur eux;
19h50: C'est assez! J'ai fait le tour de mon répertoire, ça doit faire au moins 30 minutes que je n'ai pas reçu de don d'importance (i.e. plus de 1$ de la part d'une seule personne). Je fais un décompte rapide des sommes amassées. J'arrive environ à 12$. C'est ordinaire, mais j'aurai franchi la barre psychologique des 10$ (qui indique si une soirée a été pourrie ou non).

Peu mémorable. Mais y'avait-il quelque chose d'exceptionnel à la télé que j'aie pu manquer hier soir?

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