Une des joies de la propriété, c'est de s'occuper de son gazon. Le
chérir, lui prodiguer engrais, eau et amour. Or, comme je n'avais pas
de gazon à affectionner sur mon terrain, il me fallait agir.
C'était donc jour de terrassement, aujourd'hui, chez moi.
Pour
l'occasion, j'ai rassemblé la plus belle brochette de tourbeurs
disponibles sur le marché: François (qui portait une séduisante barbe à
la Paul Piché), Dominic, Mathieu, Amélie et Éric. Le projet consistait à
mettre du gazon sur un peu plus de 4000 pieds carrés de terrain (6200
pieds auxquels on soustrait la maison, le cabanon, et quelques autres
petits trucs).
Comme mon paysagiste ne
m'avait pas rappelé pour confirmer une superficie de tourbe commandée,
j'ai pris un peu panique quand le livreur est arrivé avec l'équivalent
de 4800 pieds carrés. Ça ne me tentait pas de payer pour des centaines
de pieds non désirés. On a donc conclu pour 4000 pieds carrés, après
une négociation québécoise-portugaise quelque peu chancelante. Le client
est roi, fis-je savoir à cet immigrant sans doute illégal qui a dû
prendre peur que je le dénonce aux services douaniers, s'il ne me
satisfaisait pas entièrement.
Le tourbage a
débuté vers les 11h AM pour se conclure vers environ 14h, lorsque la
pizza fut livrée. Plutôt efficace. Il manqua toutefois un peu de
tourbe, et vous pouvez voir sur la photo de groupe qu'un espace est
laissé sur la terre noire, faute de gazon. Pour le reste, je
m'arrangerai soit en semant, soit en allant acheter quelques centaines
de pieds carrés avec mon cher papa.
Dominic a
été d'une aide très précieuse. C'était de loin le tourbeur le plus
expérimenté et le plus astucieux. Les autres, y compris moi, étaient un
peu plus novices. Mais tous ont été très appréciés. Même Mathieu qui
fut à quelques reprises plus efficace sur les petites remarques
ennuyantes à mon endroit que sur le tourbage.
On ne rit pas d'un gars
qui dispose de deux pelles rondes, Mathieu.
Les
quelques discussions fort viriles de la journée demeureront mémorables.
Amélie est chanceuse car elle a pu entendre deux gars se dire les
vrais affaires, pendant sa collaboration avec Dominic et moi-même.
Il y eut de la tendresse, comme en fait foi cet échange entre Amélie et moi:
Amélie:
"En tout cas, je sais que t'es pas un sentimental mais je voulais te
remercier d'avoir pensé à moi pour t'aider à poser ta tourbe..."
Patrick:
"Ben là, c'est moi qui te remercie... Mais là c'est quoi l'histoire?
C'est pas parce que je sacre à tous les deux mots que je suis pas un
sentimental, tabarnac!"
Il y eut aussi nombre
de discussions plus osées et/ou déplacées. Entre-autres les allusions
de François à son somnambulisme en tenue d'Adam ainsi que sa référence
au cross-pit (qui furent toutes deux absolument savoureuses). Ça ne se
répète malheureusement pas sans le consentement de François. Il fallait
être là!
Un gros merci à vous tous! Et je vous rends hommage en publiant ici quelques photos de l'exceptionnel GAZON TEAM 2006.
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Ah
oui, j'oubliais qu'hier, c'était ma 18ème soirée en tant que musicien
enregistré. J'ai dû lever le ton vis à vis de deux jeunes crottés qui
quêtaient à mon spot habituel avec un casseau de fraises (comment
respecter des gens qui quêtent avec un casseau de fraises???). Bien que
je leur adressais la parole en disant "les gars", j'avais un doute
certain quant à la sexualité d'un(e) des deux qui était tellement percé
dans la face qu'il en était méconnaissable au point de me demander si
je m'adressais à un gars ou une fille. Toujours est-il que ces deux
acolytes semblaient n'en avoir rien à crisser de mon désir de les voir
se déplacer un peu plus loin, parce que moi, je payais pour avoir accès à
ce spot.
Quoiqu'il en soit, ils finirent
tout de même bientôt par sacrer le camp et j'eus le champ libre pour
jouer de la musique sans avoir ces marginaux dans les pattes.
Pour
la première fois de l'été, 2 ou 3 filles assez jeunes et présentables
m'ont donné de l'argent, et ce avant que je recoive quoique ce soit! Je
me disais que ça allait être une soirée d'enfer. Malheureusement, je
vis bientôt des gens avec qui je travaillais à mon ancien bureau,
pendant la période la plus payante de la soirée. Cela me coûta
assurément quelques dollars puisque c'est bien connu qu'un musicien de
rue qui discute avec des passants, ce n'est pas ce qui attire le plus
les dons.
J'ai donc terminé ma soirée avec un
peu moins de 10$, ce qui est la barrière psychologique pour qualifier
une soirée de pourrie ou non. Bien que ce fut pourri pour le cash, j'ai
quand même eu du fun, et après près d'une semaine, je ressentais
vivement le besoin de me délier les doigts. Ce fut fait.
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