Comme
ma vie me semble ennuyante et dénuée de sens ces temps-ci, je n'ai que
de l'inspiration pour des trucs plus négatifs, plus noirs. Je me sens
un peu pris au piège ces temps-ci. J'ai eu beau me démener pour
susciter des occasions de contact avec le sexe opposé, je n'ai eu droit
qu'à des échecs ou des déceptions (ou rarement, de très brefs moments
de satisfaction). J'ai aussi beau faire tout ce que je veux pour me
convaincre que ça pourrait être pire, je reviens toujours à l'idée que
mon environnement professionnel est aussi stimulant que l'idée de
commencer une collection de roches.
Me
sentant comme un gars qui essaye de courir avec les deux pieds pris
chacun dans un piège à ours, j'expose ici les pièges de la vie dans
lesquels je me suis empêtré, et les autres dans lesquels, vous, vous
vous êtes empêtrés.
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Vous savez, dans la vie, il existe plusieurs pièges. La plupart d'entre nous sommes tombés dans l'un de ces pièges à un moment ou à un autre et plusieurs y sont pris pour toujours. Ces pièges sont en fait des habitudes tenaces ou des styles de vie qu'on adopte pour une longue période. Cette longue période s'apparente alors à un long déclin.
Il y a tout d'abord le piège de la vie de couple dans lequel d'innombrables gens sont tombés. C'est un piège abrutissant, puisqu'il
vous fait vous complaire dans une relation débilitante, en n'ayant
plus que pour préoccupation votre petit confort douillet à vous et
votre douce moitié. Quand la relation est fondée d'abord et avant tout
sur la sécurité ou sur un "en attendant de trouver mieux" et que ça
perdure (puisque vous êtes si bien dans vos vieilles pantoufles, même
si elles sont trouées et malodorantes) alors vous êtes dans le piège de
la vie de couple. Et il n'y a rien à envier d'un pareil méprisable
statut, même pour les âmes esseulées. Parce que les âmes esseulées
elles, au moins, n'ont pas l'impression d'être malhonnêtes envers elles-mêmes, en feignant un intérêt pour quelqu'un envers qui elles n'en ont tout simplement pas.
Il y a le piège de la carrière du type A.
Cette carrière dans laquelle vous vous investissez tellement que vous
ne voyez pas le temps passer. Vous vous réveillez un jour à 45 ans et
vous vous dites: "Ben voyons, ça a donc ben passé vite. J'ai déjà les
cheveux gris et j'ai même pas fait la moitié de ce que j'aurais espéré
faire." Ceux qui n'ont aucune passion dans la vie sont plus
susceptibles de tomber dans ce piège. Comme ils n'ont aucun véritable
intérêt artistique, culturel, sportif ou autre, ils sont portés à ne
pouvoir parler que de leur boulot. Et ce, même sur les
heures de dîner, alors que toute personne équilibrée se tabarnaque de sa
job quand elle mord à belles dents dans son délicieux sandwich au
jambon.
Il
y a aussi le piège de la carrière du type B. Dans cette sous-catégorie
de piège, vous n'aimez pas votre carrière. Vous trouvez que les jours
se suivent et se ressemblent. Tout vous semble gris, terne, morne et
vous n'avez jamais aussi bien compris le concept "d'éternité" qu'au
sein de votre emploi actuel. Vous détestez votre emploi, ou, au mieux,
ils vous laisse totalement indifférent. Mais comme c'est ennuyant de
chercher autre chose, vous vous contentez de ce que vous avez, parce
qu'après tout, on est si douillet dans ses vieilles pantoufles trouées
et malodorantes (ce concept peut s'appliquer à plusieurs sauces comme
vous pouvez voir). Certaines personnes, dotées d'un peu plus de
détermination, peuvent être portées à chercher un boulot ailleurs, mais
des facteurs, comme la sécurité d'emploi, le fait d'être syndiqué ou
non ou encore le salaire, les ramènent vite à la réalité. Les gens
tombés dans ce piège préfèrent alors bien souvent appliquer le dicton
"Un tien vaut mieux que deux tu l'auras". Et leur malaise perdure...
Il y a plusieurs autres pièges, mais le dernier dont je désire traiter est le piège du célibat. C'est assurément celui que je connais le plus, encore plus que le piège de la carrière de type B. Le
piège du célibat est probablement le plus nocif, puisqu'il est le seul
qui mène presque inévitablement à une personnalité déplaisante et
aigrie (ces termes ne s'accordent-ils pas à merveille avec les titres très peu reluisants de "vieux garçon" ou de "vieille fille"?). Lorsque l'état perdure, on se retrouve face à des
gens emmurés dans leur routine, leurs petites habitudes, des gens qui
n'ont jamais eu d'enfants (donc jamais fait de sacrifice pour qui que ce
soit), des gens qui s'intéressent à la culture de bourgeois ou à d'autres trucs de péteux de broue. En appliquant des maximes de passivité ("Rien ne sert de chercher, tout vient à point à qui sait attendre"), ils ont fini par ne jamais rien trouver de convenable pour eux et se retrouvent seuls et déplaisants à 45-50 ans. Il est trop tard pour faire quoique ce soit pour quelqu'un qui a atteint cet âge là.
Comme vous l'aurez peut-être compris, le problème avec tous ces pièges, c'est qu'ils font stagner l'individu à un niveau bien en-deça de son potentiel initial.
Ce sont tous des états comparables à l'eau stagnante d'un étang. Y'a
rien qui se développe là-dedans, parce que c'est un état stable et sans
activité. C'est un air d'aller, à vitesse constante.
J'espère
que plusieurs d'entre vous ressentez un malaise comparable au mien,
lorsque vous faites un constat par rapport à votre vie. Parce que si
vous êtes tous et toutes comblés à un niveau personnel, professionnel,
spirituel, télévisuel, etc, je vais me sentir seul en maudit.