Samedi soir, 20h40, station Sherbrooke du métro de Montréal. Un
itinérant est en train de se nettoyer les orteils avec quelque chose qui
a l'air d'être de l'alcool. J'imagine que la gangrène est en train de
pogner là-dedans.
Des genres de latinos louchent se tiennent près de la sortie.
Je suis à des années lumières de ma ville propre et j'attends Sophia Mascara
et l'ancien blogueur qui s'appelait le Célibataire Endurci (maintenant
Blanco). On est sensés se réunir pour virer une grosse brosse.
Vers
21h15, tout le monde est réuni et les présentations sont faites (avec
Blanco qu'on n'avait jamais rencontré). On chemine alors vers Le P'tit
bar, endroit situé près du métro qui a préalablement été suggéré par
Sophia. Il parait que c'est une toute petite place. Ça semble idéal
pour s'entendre en buvant nos pichets de bière.
On arrive bien
vite à l'endroit situé presque en face du carré St-Louis (parc où les
gens vont se piquer en plein-air à Montréal) et l'endroit a l'air pas si
mal. Un client me dit que je ressemble comme deux gouttes d'eau à
Jean-Thomas Jobin, ce qui était pas arrivé depuis un bout de temps. On
boit notre bière pis on jase, pis c'est le fun. Avec un peu de
pression, Blanco finit par nous parler de ses exploits sexuels.
Malheureusement, c'est un coït interrompu car un show commence bientôt
et ça se passe drette à côté de nous. Genre que la claviériste est à un
mètre de moi. On essaie de continuer à jaser mais on se fait demander
de fermer nos yeules par un des gars qui semble très impliqué dans la
place. Je comprends alors que l'endroit est majoritairement fréquenté
par des artistes "never-was" (une couple de coches en-dessous de
"has-been") qui doivent passer pas mal de leur temps libre dans le parc
d'en face en composant des poèmes sans queue ni tête en fumant du pot
pis en écoutant du Harmonium sur leur Walk-Man à vinyles.
La
moyenne d'âge est facilement de 55 ans. Les monsieurs de la table d'en
face ont tous l'air de planer en écoutant les tounes inconnues chantées
par un trio de madames inconnues et bizarres.
Malgré tout, c'est
le genre d'endroit et le genre de clientèle où on peut jaser avec tout
le monde. D'ailleurs, à l'entracte, on s'en va dehors et on jase avec
quelques clients édentés en fumant les cigarettes de Sophia. Plusieurs
photos sont prises dehors dont une avec un de ces types qui grimpe sur
mes épaules à ma demande (ça prouve qu'ils étaient cools quand même).
Blanco semble bien content d'assister à une de mes discussions de
bullshittage au cours de laquelle je m'invente un nom et une vie comme
je le fais à peu près à chaque fois où je sors dans les bars. Ce soir
là, je suis Pierrot de Québec. Quand le nom Pierrot passe bien dans les
présentations, on peut habituellement aller assez loin dans la
fantaisie.
Ça fait qu'on a eu bien du fun. Même Blanco, gars de
31 ans n'ayant selon ses propres dires presque jamais pris de boisson de
sa vie s'est retrouvé saoul, l'articulation laborieuse en notre
compagnie. Trois pichets, trois blogueurs, un bar miteux qui se vaut la
note de 7 sur 10 sur l'échelle miteux (10 étant le plus miteux).
Et si jamais le FLQ revient à la mode, je recommande chaudement à la GRC d'aller enquêter dans ce bar là.