La semaine dernière, Patate
a réagit à mon texte traitant de la bourse en disant que je devrais
parler plus souvent d'économie que de politique. Je lui aurais répondu
exactement la même chose si je n'essayais pas de maintenir le peu de
bonnes relations que j'ai avec certains blogueurs...
Mais enfin,
comme j'ai acheté ce matin les premières actions de ma vie, j'ai décidé
de revenir sur le sujet pour me convaincre que j'ai fait un bon "move"
et aussi, pourquoi pas, pour faire un résumé de ce que je sais sur ce
monde encore nouveau pour moi. Que ceux qui ont des connaissances plus
poussées se sentent libres de corriger certains éléments ou d'apporter
leur grain de sel en commentaires.
Afin d'illustrer ce qui
s'offre aux petits épargnants, je prendrai en exemple Bouba, fils de
dictateur africain récemment arrivé au Québec et désirant faire
fructifier ses avoirs personnels.
Bouba a 5 000$ dans son compte.
Comme à peu près tous les petits épargnants, Bouba n'aime pas le
risque. Il décide donc de prendre un placement garanti à la caisse
populaire et reçoit, pour ses 5 000$, un taux d'intérêt annuel de 2% (à
peu près ce qui est offert actuellement sur les marchés). Comme les
intérêts reçus pour un placement sont imposables en totalité, le
rendement après impôt du placement n'est que d'environ 1%. Considérant
que l'inflation annuelle normale est de 2%, les 5 000$ de Bouba offrent
en réalité un rendement négatif de -1%! Bref, Bouba perd de son pouvoir
d'achat en laissant son argent sous forme de placement garanti à la
caisse populaire. Bouba se fait donc vigoureusement baiser par le
système, mais dort tout de même sur ses deux oreilles puisque son
placement est garanti et qu'il ne court aucun risque de perdre son
montant ainsi placé.
Bouba pourrait aussi opter pour un fond
commun de placement qui offre des rendements supérieurs aux placements
garantis. Par contre, en optant pour ces fonds, Bouba doit savoir que
les gestionnaires de fonds se gardent une bonne commission qui n'est pas
apparente pour ceux qui font l'acquisition de ces dits fonds. Les
spécialistes le disent presque tous: les fonds communs de placement sont
un outil pour les petits épargnants peu avisés. Le grand financier
Montréalais Stephen Jarislowsky écrit également dans son livre que de
33% à 40% du rendement des fonds communs de placement se retrouvent dans
les poches des gestionnaires de ces fonds. En bref, si vous constatez
que l'accroissement de la valeur de vos fonds a été de 10% cette année,
c'est qu'elle était en fait de 14% et que 4% de votre rendement a servi à
enrichir d'autres personnes. De plus, ces fonds sont assez risqués par
rapport au rendement effectué et ne versent aucun dividende. Je
précise que je détiens des REER en fonds communs de placement et que je
me ferai le devoir de les liquider lorsque le marché aura remonté
suffisamment.
Bouba pourrait aussi investir ses 5000$ dans
la jungle de la bourse. Mais Bouba a peur car la bourse est remplie de
milliers de créatures avec des noms étranges et des comportements
imprévisibles. Par contre, si Bouba investit dans une compagnie établie
et diversifiée, offrant des perspectives de croissance intéressantes,
offrant un dividende intéressant, étant bien gérée et N'ÉTANT PAS DANS
UN DOMAINE CYCLIQUE OU ENCORE UN DOMAINE OÙ LA CROISSANCE EST EXAGÉRÉE,
il a d'intéressantes chances de faire un bon coup. Toutes les bulles
finissent par exploser et il faut à tout prix éviter de faire
l'acquisition d'actions relatives à des phénomènes de "modes"
passagères. Il faut donc choisir un secteur non-cyclique et pas
artificiellement gonflé. Il faut aussi privilégier les actions qui
offrent des dividendes (qui sont en quelque sorte une compensation
monétaire versée aux actionnaires). En effet, pourquoi devrait-on
financer une entreprise en lui prêtant notre argent si cette dernière ne
nous donne rien en retour (rien d'autre qu'une possibilité
d'accroissement de la valeur de l'action)?
Par exemple, Bouba
pourrait acheter des actions de la Banque Scotia. Cette banque est en
affaires depuis plus de 150 ans (ses risques de faire faillite sont
moindres que ceux d'une entreprise récente oeuvrant dans le domaine des
nouvelles technologies), offre des services diversifiés et "essentiels"
pour l'économie (assurances, financement, prêts, développement
économique en Amérique Latine, etc...) offre un dividende d'environ 5%
(en gros, si une action coûte 100$, elle rapporte 5$ de dividende par
année). À ce sujet, spécifions que les dividendes sont moins imposés par
le gouvernement que les intérêts de placement (les 2% de l'exemple du
placement de la caisse pop sont imposables à 100% alors que les
dividendes le sont dans une moindre mesure). Ainsi, les dividendes reçus
sont moins grugés par l'État.
Finalement, et c'est là le plus
intéressant, la valeur de l'action devrait croître avec le temps. En
cette période de crise monétaire, la plupart des actions sont
sous-évaluées et sont donc disponibles à un coût inférieur à ce qui
devrait être le cas. Toujours dans le cas des actions de la Banque
Scotia, le coût actuel de l'action est au même niveau qu'il y a quatre
ans. Et tout ça, presque uniquement à cause de la nervosité des marchés.
Bref, le coût de l'action est sous-évalué et c'est en période
de crise tel que c'est actuellement le cas qu'il faut opter pour ce
genre d'action solide et sous-évaluée.
Le
graphique ci-dessus représente bien ce qui peut constituer une bonne
affaire pour l'investisseur. On peut voir que la croissance de la valeur
de l'action est assez constante au fil des années (excepté ces deux
dernières années où le marché a commencé à moins bien aller, mais pour
presque TOUS les titres) et qu'il n'y a pas de "bulle" (une bulle sur
graphique serait représentée par une pente très prononcée en une courte
période vers le haut).
Bouba pourrait aussi choisir une autre
compagnie offrant des services reconnus et bien établis. En faisant des
choix éclairés, la valeur des actions de Bouba pourra probablement
s'accroitre de 5 à 10% à chaque année et continuer de lui verser 5% de
dividendes. Si Bouba veut revendre ses actions dans 5 ans, leur valeur
aura possiblement pris 50% de valeur (il pourra les revendre 150$ au
lieu des 100$ correspondant au coût d'achat) et il aura reçu 1 250$ en
dividendes. Aucun autre placement n'aura pu offrir pareil rendement. Il
s'agit donc, d'abord et avant tout, d'opter pour un secteur sécuritaire à
propos duquel on s'est renseigné.
Dans 5 ans, Bouba pourra
retourner dans son pays et contribuer, avec sa fortune personnelle ainsi
acquise, à financer l'achat de machettes pour poursuivre le génocide
qui y sévit.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je
recommande l'excellent livre "Dans la jungle du placement" de Stephen A.
Jarislowsky.